• A compter nos brebis je remplace ma mère ;
    Dans nos riches enclos j'accompagne mon père ;
    J'y travaille avec lui. C'est moi de qui la main,
    Au retour de l'été, fait résonner l'airain
    Pour arrêter bientôt d'une ruche troublée
    Avec ses jeunes rois la jeunesse envolée.
    Une ruche nouvelle à ces peuples nouveaux
    Est ouverte ; et l'essaim, conduit dans les...

  • Dans l'essaim nébuleux des constellations,
    Ô toi qui naquis la première,
    Ô nourrice des fleurs et des fruits, ô Lumière,
    Blanche mère des visions,

    Tu nous viens du soleil à travers les doux voiles
    Des vapeurs flottantes dans l'air :
    La vie alors s'anime et, sous ton frisson clair,
    Sourit, ô fille des étoiles !

    Salut ! car avant toi les...

  • On entend l'Océan heurter les promontoires ;
    De lunaires clartés blêmissent le ravin
    Où l'homme perdu, seul, épars, se cherche en vain ;
    Le vent du nord, sonnant dans les frondaisons noires,
    Sur les choses sans forme épand l'effroi divin.

    Paisibles habitants aux lentes destinées,
    Les grands sapins, pleins d'ombre et d'agrestes senteurs,
    De leurs...

  • Sous les branches de saule en la vase baignées
    Un peuple impur se tait, glacé dans sa torpeur,
    Tandis qu'on voit sur l'eau de grêles araignées
    Fuir vers les nymphéas que voile une vapeur.

    Mais, planant sur ce monde où la vie apaisée
    Dort d'un sommeil sans joie et presque sans réveil,
    Des êtres qui ne sont que lumière et rosée
    Seuls agitent leur...

  • A Étienne Charavay.

    Cette relique exhale un parfum d'élégie,
    Car la reine d'Écosse, aux lèvres de carmin,
    Qui récitait Ronsard et le missel romain,
    Y mit en la touchant un peu de sa magie.

    La reine blonde, avec sa fragile énergie,
    Signa MARIE au bas de ce vieux parchemin,
    Et le feuillet heureux a tiédi sous la main
    Que bleuissait un...

  • Dans la tiède forêt que baigne un jour vermeil,
    Le grand chêne noueux, le père de la race,
    Penche sur le coteau sa rugueuse cuirasse
    Et, solitaire aïeul, se réchauffe au soleil.

    Du fumier de ses fils étouffés sous son ombre,
    Robuste, il a nourri ses siècles florissants,
    Fait bouillonner la sève en ses membres puissants,
    Et respiré le ciel avec sa...

  • Aux vapeurs du matin, sous les fauves ramures
    Que le vent automnal emplit de longs murmures,
    Les rivaux, les deux cerfs luttent dans les halliers :
    Depuis l'heure du soir où leur fureur errante
    Les entraîna tous deux vers la biche odorante,
    Ils se frappent l'un l'autre à grands coups d'andouillers.

    Suants, fumants, en feu, quand vint l'aube incertaine,...

  • Sur sa nouvelle d' " Arria Marcella "

    Le creux d'un sein charmant que la cendre moula
    Fut la coupe où tu bus cette ivresse éloquente,
    Qui, sous l'étroit portique aux volutes d'acanthe,
    Fit surgir dans la pourpre Arria Marcella.

  • L'ombre versait au flanc des monts sa paix bénie,
    Le chemin était bleu, le feuillage était noir,
    Et les palmiers tremblaient d'amour au vent du soir.
    L'enfant de Magdala, la fleur de Béthanie,

    Gémissait dans la pourpre et l'azur des coussins.
    Le grand épervier d'or des femmes étrangères
    Agrafait sur son front les étoffes légères ;
    La myrrhe...

  • Au fond de la chambre élégante
    Que parfuma son frôlement,
    Seule, immobile, elle dégante
    Ses longues mains, indolemment.

    Les globes chauds et mats des lampes
    Qui luisent dans l'obscurité,
    Sur son front lisse et sur ses tempes
    Versent une douce clarté.

    Le torrent de sa chevelure,
    Où l'eau des diamants reluit,
    Roule sur sa pâle...