• Ces roses sont d’un rose étourdissant,
    N’est-il pas vrai, ma reine délicate ?
    Et je crois bien que le lyrisme éclate
    En ces œillets éclaboussés de sang.

    Quoi d’opulent ainsi que ces stramoines ?
    Et ces glaïeuls pour moi n’ont pas de prix :
    Dans quelle aurore ont-ils été surpris ?
    Quel incendie...

  •  
    Un maître, de qui la palette
    Se plaisait aux sombres couleurs,
    A peint un élégant squelette
    Portant un frais panier de fleurs.

    Près de lui la danse macabre,
    Comme les plis d’un noir drapeau,
    Ondoie ; et reîtres à grand sabre,
    Écoliers la pipe au chapeau,

    Moines chauves, rois lourds d’hermine,
    Bourgeois à ventres de bedeaux,...

  • Tu me vois quelquefois triste, énervé, grincheux,
    — Quand j’ai fumé surtout mes pipes allemandes
    En travaillant longtemps — alors, tu me demandes
    D’où vient l’expression si dure de mes yeux.

    Tu me dis que mes grands bouquins sont ennuyeux
    Comme les pins et leurs petits pots dans les landes ;
    C’est vrai : viens... tes baisers sont comme des amandes :
    ...

  • Vous êtes par trop rigolos,
    Australiens immenses !
    Mettez bien dans vos ciboulots
    Où règnent les démences,

    Qu’il n’est d’autre vin bourguignon
    ...

  • Le long bois de sapins se tord jusqu’au rivage,
    L’étroit bois de sapins, de lauriers et de pins,
    Avec la ville autour déguisée en village :
    Chalets éparpillés rouges dans le feuillage
    Et les blanches villas des stations de bains.

    Le bois sombre descend d’un plateau de bruyère,
    Va, vient, creuse un vallon, puis monte vert et noir
    Et redescend en fins...

  • Les cris de la corneille ont annoncé l'orage ;
    Le bélier effrayé veut rentrer au hameau :
    Une sombre fureur anime le taureau
    Qui respire avec force, et, relevant la tête,
    Par ses mugissements appelle la tempête.

    On voit à l'horizon des deux points opposés
    Des nuages monter dans les airs embrasés ;
    On les voit s'épaissir, s'élever et...

  •  
    — « Oh ! les saisons, été, printemps, hiver, automne,
    « Comme c’est long ! Que faire ? À quoi donc s’occuper ? »
    Maintenant qu’il n’a plus de têtes à couper,
    Il trouve la vie âpre et le temps monotone.

    Autrefois, il était le grand justicier
    Plus fantastique et plus redouté que le Diable,
    L’homme qui décapite un crime irrémédiable
    Au tranchant...

  • La bourrique luisante et forte
    Brait tous les jours, à la même heure,
    Devant la rustique demeure,
    De la plus lamentable sorte.

    Ses hi-han disent : « Je suis morte
    De soif ! un peu d’eau ! la meilleure ! »
    La bourrique luisante et forte
    Brait tous les jours, à la même heure.

    Et ma foi ! le seau qu’on lui porte
    N’est pas un de ceux qu’elle...

  • La rue énorme et ses maisons quadrangulaires
    Bordent la foule et l’endiguent de leur granit
    Œillé de fenêtres et de porches, où luit
    L’adieu, dans les carreaux, des soirs auréolaires.

    Comme un torse de pierre et de métal debout,
    Avec, en son mystère immonde,
    Le cœur battant et haletant du monde,
    Le monument de l’or, dans les...

  • J’ai ri d’abord.
                               J’étais dans mon champ plein de roses.
    J’errais. Âme attentive au clair-obscur des choses,
    Je vois au fond de tout luire un vague flambeau.
    C’était le matin, l’heure où le bois se fait beau,
    Où la nature semble une immense prunelle
    Éblouie, ayant Dieu presque visible en elle.
    Pour faire fête à l’aube, au bord...