• La vache lentement chemine
    Entre le chaume et le regain ;
    La bouchère suit, cou sanguin,
    Moustache noire et belle mine.

    Par instants, son œil s’illumine :
    Elle a dû faire un fameux gain !
    — La vache lentement chemine
    Entre le chaume et le regain.

    Et tandis qu’à chaque chaumine
    S’arrête le petit doguin,
    Devant la commère en béguin,...

  •  
    L’Orbe du monde, aux jours des Héros et des Dieux
    Était un Bouclier ciselé de batailles,
    Disque d’or qu’enserrait de ses glauques écailles
    L’hydre océane, fleuve aux replis furieux.

    Ombilic de la Terre où le trépied pythique
    S’environnait de monts par la foudre sacrés,
    Dont nul impie en vain n’eût tenté les degrés,
    L’Autel central fumait dans...

  •  
    Maudite à jamais soit ton inutile image,
    Devant qui s’inclinait la mitre du faux sage !
    Maudit sois-tu, Melqart, implacablement sourd
    À la clameur montant du rivage de Zoûr,
    À ton peuple expirant sous le fouet des colères !
    Toi dont la Force armait l’éperon des galères
    Et qu’invoquaient, les yeux sur l’océan lointain,
    Nos matelots, cinglant...

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    LES HIÈRODOULES.

    Mais voici qu’au sommet des tours quadrangulaires,
    Sur les hauts parapets arquant leurs reins cambrés,
    Avec leurs mitres d’or aux lourdes jugulaires
    Et de légers réseaux sur leurs torses ambrés,

    Les filles de Kaldée et les filles d’Arbelles,
    Sous l’œil des bleus ramiers chers à Shammouramit,
    Livrant au vent l’éclat de...

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    La dame aux cheveux longs et couleur de topaze
    Conserve dans sa chambre un magique cercueil
    Si fantastiquement vague et fragile à l’œil,
    Qu’il a l’air vaporeux comme un voile de gaze,

    Ni cierges, ni tréteaux, ni tentures de deuil.
    Le portrait dans son cadre et la fleur dans son vase,
    Meubles, miroirs, tapis, tout sourit plein d’extase ;
    Et...

  • La France est un pays charmant.
    Et tu le dis excellemment
    Dans ta chronique, ô Debusschère !
    Étant, au suprême degré,
    Le pays cent fois consacré
    Du vin et de la bonne chère.

    Certe, on peut aller n’importe où,
    En France, il n’est si petit trou,
    Dans un coin perdu de province,
    Qui n’ait sa spécialité,
    Son mets favori, réputé,
    ...

  • Au pays où le sol ne montre
    Que neige et deuil, et glace et mort,
    Le dernier arbre qu’on rencontre,
    En montant vers le pôle nord,
    C’est le bouleau, roi sans partage ;
    Il est à lui seul sa forêt
    Et domine une vaste plaine
    Où pas un sapin ne vivrait !

    À l’heure où la nuit est sombre.
    Écoutez au bord de l’eau :
    Ce qui murmure dans l’...

  • Là bas peut-être les manèges
    Peut-être les chevaux de bois
    Volent, duvet, flocons de neige
    Tombe l’hiver, vide de toi.

    Enraidis sous le champ de foire
    Le boulingrin, la terre ont froid ;

    Rien n’y ravive la mémoire
    Des lieux de notre unique émoi.

    Le cirque assombrit ses lumières ;
    Au ciel l’Hercule ôte ses poids ;

    Les bons ours...

  •  
    Sur la rosace éclose au centre du parquet
    Pose ton pied léger, écoute et sois furtive ;
    La solitude parle à celle qui arrive ;
    N’as-tu pas entendu le marbre qui craquait ?

    La harpe tremble et vibre à ton pas indiscret,
    Le lustre se balance et son cristal s’avive ;
    De ce qui semble mort crois-tu que rien ne vive ?
    La glace a son fantôme et tout...

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    MUSICIENNE blonde aux doigts frôleurs et doux
    Puisque nous sommes seuls, quel air chanterons-nous ?

    O Muse, dont les mains sont pleines de corolles,
    Fais-moi, sur la musique, éclore des paroles !

    Nous irons par les bois, harmonieusement,
    Cueillir la rouge fleur du divin sentiment.

    Nous irons ramasser, par un grand vent sonore,
    La rose du...