• Le fossoyeur me dit : « Cert’ ! je n’suis pas dévot.
    Mes sentiments là-d’sus sont quasiment les vôtres,
    Ça n’empêch’ que, comm’vous, j’ai le m’surag’ qu’i’ faut,
    Et que j’sais rend’ justice aux prêtr’ tout comme aux autres.

    On avait d’la r’ligion naguère !
    ...

  • Or, une fois mort, un compère
    Digne du séjour des maudits,
    S’en alla frapper au contraire
    À la porte du Paradis.

    Comme le bonhomme Saint Pierre
    Ne voulait rien de lui savoir :
    « Mon vieux, dit-il, c’est Dieu le Père
    Et non pas toi que je veux voir.

    — Espère-moi donc, dit l’apôtre,
    Un...

  • Le notaire dit : « Jean ! il s’agit d’un partage.
    Votre frère, passé pour mort,
    Authentiquement vit encor.
    Vous êtes maintenant deux pour votre héritage.

    — Ça s’rait-il Dieu possibl’ ? ah ben !...

  • Un bon homme de mes parents,
        Que j'ai connu dans mon jeune âge,
    Se faisait adorer de tout son voisinage;
    Consulté, vénéré des petits et des grands,
    Il vivait dans sa terre en véritable sage.
        Il n'avait pas beaucoup d'écus,
    Mais cependant assez pour vivre dans l'aisance;
        En revanche, force vertus,
        Du sens, de l'esprit par dessus,...

  •  

    J’ai, de façon presque incongrue,
    Bâillé dans le monde, hier soir...
    Ma petite amie, allons voir
    Les humbles passants dans la rue.

    Le musc est un affreux parfum ;
    On m’a dit trop de platitudes...
    Dans le faubourg aux odeurs rudes,
    Écoutons les gens du commun.

    J’ai vu des messieurs pleins de morgue
    Et des dames raides d’empois......

  • Es-tu donc bien parti ? … Je croyais ressentir
    Cette vibration dont j’aimais à jouir
    Quand ta voix s’élevait tranquille, harmonieuse,
    Et frappait la paroi de mon oreille heureuse.
    Oh ! ce n’était hélas ! que le soupir d’été
    À la brise venant parler d’éternité.

    Mais es-tu donc parti ?… Cette noble prestance
    Qu’avait mûri des ans la nombreuse séquence...

  •  
    Sur un écueil battu par la vague plaintive,
    Le nautonier de loin voit blanchir sur la rive
    Un tombeau...

  • Comme un enfant gâté, gorgé de sucreries,
    Se rebute, et convoite avec des yeux ardents
    La pomme acide et verte où s’agacent les dents,
    L’âpre fruit de la haie et les nèfles aigries,

    Vous avez en horreur le miel des flatteries,
    Les fades madrigaux dans la bouche fondants,
    Bonbons, plâtre au dehors et sirop au dedans,
    Et ne prenez plus goût qu’au fiel...

  •  
    Sois heureuse ! qu’importe à tes yeux l’horizon
    Et l’aurore et la nuit et l’heure et la saison,
    Que ta fenêtre tremble aux souffles de l’hiver
    Ou que, l’été, le vent du val ou de la mer
    Semble quelqu’un qui veut entrer et qu’on accueille.
    Sois heureuse. La source murmure. Une feuille
    Déjà jaunie un peu tombe sur le sentier ;
    Une abeille s’est...

  •  
    Pour apaiser l’enfant qui, ce soir, n’est pas sage,
    Églé, cédant enfin, dégrafe son corsage,
    D’où sort, globe de neige, un sein gonflé de lait.
    L’enfant, calmé soudain, a vu ce qu’il voulait,
    Et de ses petits doigts pétrissant la chair blanche
    Colle une bouche avide au beau sein qui se penche.
    Églé sourit, heureuse et chaste en ses pensers,
    Et...