• II

    Je suis en république, et pour roi j'ai moi-même.
    Sachez qu'on ne met point aux voix ce droit suprême ;
    Ecoutez bien, messieurs, et tenez pour certain
    Qu'on n'escamote pas la France un beau matin.
    Nous, enfants de Paris, cousins des Grecs d'Athènes,
    Nous raillons et frappons. Nous avons dans les veines
    Non du sang de...

  •  
    O sommets de Taygète, ô rives du Pénée,
    De la sombre Tempé vallons silencieux,
    Ô campagnes d’Athène, ô Grèce infortunée,
    Où sont pour t’affranchir tes guerriers et tes dieux ?

    Doux pays, que de fois ma muse en espérance
    Se plut à voyager sous ton ciel toujours pur !
    De ta paisible mer, où Vénus prit naissance,
    Tantôt du haut des monts je...

  •  
    Mais quand vous reviendrez du profond de vos veilles,
    Maîtres de la pensée et du savoir futurs,
    O calmes découvreurs des suprêmes azurs,
    Quand, las du faix conquis des lointaines merveilles,

    Lourds des derniers secrets des derniers univers,
    Vous déploierez, pour les nations étonnées,
    Devant le peuple humain, roi de ses destinées,
    Les registres...

  •  
    Tu les feras pleurer, enfant belle et chérie,
    Tous ces bambins, hommes futurs,
    Qui plus tard suspendront leur jeune rêverie
    Aux cils câlins de tes yeux purs.

    Ils aiment de ta voix la roulade sonore,
    Mais plus tard ils sentiront mieux
    Ce qu’ils peuvent à peine y discerner encore,
    Le timbre au charme impérieux ;

    Ils touchent, sans jamais...

  •  

    Par les après-midi d’hiver mélancoliques
    Je vais parfois dans les vieux temples catholiques,
    Quand c’est un jour de fête et qu’ils sont bien ornés,
    Quand les prêtres au fond des nefs sont prosternés
    Sous le jaunâtre éclat des lampes et des cierges,
    Et qu’on a mis leurs beaux manteaux aux saintes Vierges
    Dont le profil sourit dans un cadre de fleurs...

  •  

    Un jour du mois de mars sur le flanc des Rocheuses.

    Le soleil éclatant fond les couches neigeuses
    Enveloppant les monts couronnés par l’éther.
    Pas un souffle de vent ne tressaille dans l’air.
    Pas un nuage au ciel ne fait tache. Un silence
    Inexprimable dort sur l’étendue immense.
    On dirait que la paix des temps originels
    A toujours habité les...

  • I

    Si nous terminions cette guerre
    Comme la Prusse le voudrait,
    La France serait comme un verre
    Sur la table d'un cabaret ;

    On le vide, puis on le brise.
    Notre fier pays disparaît.
    O deuil ! il est ce qu'on méprise,
    Lui qui fut ce qu'on admirait.

    Noir lendemain ! l'effroi pour règle ;
    Toute lie est bue à...

  • Avant que nous rentrions, nous nous promenâmes.
    Il me semblait que nous tenions un bouquet d’âmes,
    et nous disions des mots qui nous faisaient nous taire.
    La nuit pure coulait dans l’eau du torrent vert
    et, sur les pics, flottaient des nuées immobiles
    pareilles aux nuées de quelque vieille bible.

    Une bonté d’amour...

  •                         
                  V

    Avant que tu ne t’en ailles,
    Pâle étoile du matin,
              — Mille cailles
    Chantent, chantent dans le thym. —

    Tourne devers le poète,
    Dont les yeux sont pleins d’amour ;
              — L’alouette
    Monte au ciel avec le jour. —

    Tourne ton regard que noie
    L’aurore dans son azur ;...