Ô Virgile ! ô poëte ! ô mon maître divin !
Viens, quittons cette ville au cri sinistre et vain
Qui, géante, et jamais ne fermant la paupière,
Presse un flot écumant entre ses flancs de pierre,
Lutèce, si petite au temps de tes césars,
Et qui jette aujourd’hui, cité pleine de chars,
Sous le nom éclatant dont le monde la nomme,
Plus de clarté qu’Athène...
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XVIII
Dans Virgile parfois, dieu tout près d’être un ange,
Le vers porte à sa cime une lueur étrange.
C’est que, rêvant déjà ce qu’à présent on sait,
Il chantait presque à l’heure où jésus vagissait.
C’est qu’à son issu même il est... -
Je suis au but ! mes pas ont touché l’Italie.
Par le feu d’un beau ciel la nature embellie
Des langueurs du sommeil va tirer mes pinceaux ;
Mon luth s’élancera vers des accents nouveaux ;
Oui, je veux, à l’oubli condamnant ma tristesse,
Retrouver les transports de ma fraîche jeunesse ;
Mon cœur bat d’avenir, et du besoin des cieux ;
La gaîté de la vie... -
Que vos astres plus clairs gardent mieux du danger,
Dioscures brillants, divins frères d'Hélène,
Le poète latin qui veut, au ciel hellène,
Voir les Cyclades d'or de l'azur émerger.
Que des souffles de l'air, de tous le plus léger,
Que le doux lapyx, redoublant son haleine,
D'une brise embaumée enfle la voile pleine
Et pousse le navire au rivage... -
Ô Virgile ! ô poète ! ô mon maître divin !
Viens, quittons cette ville au cri sinistre et vain,
Qui, géante, et jamais ne fermant la paupière,
Presse un flot écumant entre ses flancs de pierre,
Lutèce, si petite au temps de tes Césars,
Et qui jette aujourd'hui, cité pleine de chars,
Sous le nom éclatant dont le monde la nomme,
Plus de clarté qu'Athène... -
(Énée vient d'annoncer à Didon qu'il doit repartir)
Tandis qu'Aeneas enfila
Le discours civil que voilà,
Didon, de raison dépourvue,
Ne jeta point sur lui la vue.
Les yeux fichés sur le pavé,
Le visage de pleurs lavé,
En son esprit bourru la rage
Faisait un étrange ravage.
Enfin ses yeux elle darda
Sur Énée, et le regarda
...