• Vous êtes la beauté. Vers la pure Ionie [2]
    C’est de vous que naquit Vénus [3] au temps des dieux,
    Et vous avez formé son corps victorieux
    De votre onde mobile à la lumière unie.

    C’est vous, près des vaisseaux, qui faisiez l’...

  • Pendant que la mer gronde et que les vagues roulent,
    Et que sur l’horizon les tumultes s’écroulent,
    Ce veilleur, le poète, est monté sur sa tour.

    Ce qu’il veut, c’est qu’enfin la concorde ait son tour.

    Jadis, dans les temps noirs comme ceux où nous sommes,
    Le poète pensif ne se mêlait aux hommes
    Que pour les désarmer et leur verser son cœur ;
    Il...

  • À Luigi Gualdo.

    J’étais assis devant la mer sur le galet.
    Sous un ciel clair, les flots d’un azur violet,
    Après s’être gonflés en accourant du large,
    Comme un homme accablé d’un fardeau s’en décharge,
    Se brisaient devant moi, rhythmés et successifs.
    J’observais ces paquets de mer lourds et massifs
    Qui marquaient d’...

  • J'admire, dédaigneux des vagues mélopées
    Qu'entonnent nos rimeurs sinistres ou plaintifs,
    L'épanouissement des vastes épopées
    Balançant leurs parfums dans les vents primitifs.

    Les jeunes univers dilatés et sonores,
    S'abreuvaient de la vie, éparse dans les airs,
    Et la virginité des naïves aurores
    D'une lumière fraîche arrosait les cieux clairs.
    ...

  • Le fébrile frisson des murmures d'amour
    M'émeut ce soir les nerfs et vieillit ma mémoire.
    La voix d'un violon sous la soie et la moire
    Me miaule des mots d'inéluctable amour.

    La verveine se pâme en les vases de jade :
    Un fantôme de femme en l'alcôve circule.
    Mais ma mémoire est morte avec le crépuscule,
    Et j'ai perdu mon âme en les vases de jade....