J'admire, dédaigneux des vagues mélopées

J'admire, dédaigneux des vagues mélopées
Qu'entonnent nos rimeurs sinistres ou plaintifs,
L'épanouissement des vastes épopées
Balançant leurs parfums dans les vents primitifs.

Les jeunes univers dilatés et sonores,
S'abreuvaient de la vie, éparse dans les airs,
Et la virginité des naïves aurores
D'une lumière fraîche arrosait les cieux clairs.

Mais, quand je redescends vers notre crépuscule
Plein de gémissements mornes et violents,
Trouvant l'homme pervers, honteux et ridicule,
Dans l'immense avenir je m'engouffre à pas lents ;

Et, sur le long chemin de la Cité nouvelle
Pour marquer où passa mon pied de voyageur,
Je dresse quelque strophe, austère et solennelle,
Comme un sphinx de granit immuable et rêveur.

Collection: 
1877

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À Henri Winter.

Minuit faisait jaillir, comme des étincelles,
Les gerbes de ses sons qui, palpitant des ailes,
Montaient et vibraient en tremblant,
L'air était sec et vif ; la nuit calme et splendide ;
Et le dôme du ciel, sans vapeur et sans ride,
Était...

Puisse ma libre vie être comme la lande
Où sous l'ampleur du ciel ardent d'un soleil roux,
Les fourrés de kermès et les buissons de houx
Croissent en des senteurs de thym et de lavande.

J'admire, dédaigneux des vagues mélopées
Qu'entonnent nos rimeurs sinistres ou plaintifs,
L'épanouissement des vastes épopées
Balançant leurs parfums dans les vents primitifs.

Les jeunes univers dilatés et sonores,
S'abreuvaient de la vie, éparse dans les airs,...

Quelques feuilles, guirlande verte,
Environnent de leur émail
Cette jeune rose entrouverte,
Petite coupe de corail.

Ses pétales aux teintes blondes,
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Vois-...

On dirait que ce vent vient de la mer lointaine ;
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