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    Puisque tu viens, Épouse austère,
    Immortelle et sainte Raison,
    Châtier des dieux de la Terre
    L’inconsciente trahison,
    Dépouille, ô flamme solitaire,
    La sombre forêt du mystère
    De sa malsaine frondaison,
    Et chasse l’ombre délétère
    Des désirs dont la brume altère
    Le cercle entier de l’horizon.

    Mes mains au vol ont pris la...

  • Ma raison me l’a dit aussi bien que mes yeux,
    Que vous étiez toute charmante et belle ;
    Mais elle eût fait bien mieux...

  • N’est-ce pas la raison que le proffit redonde
    Au lieu duquel il sort ? & que dedans la mer
    Les fleuves ondoyans se viennent renfermer,
    Puisque de la mer mesme ils derivent leur onde ?

    Ce n’est donc point à tort que la terre profonde
    Doit un jour repeter, pourrir, & consumer,
    Ce cors qui ne se peut au bien accoustumer
    Puis que d’elle il a pris...

  • « On ne comprend pas la Russie avec la raison ;
    — on ne la mesure pas avec le mètre commun.
    — Elle a pour soi seule un mètre à sa taille ;
    — on ne peut que croire à la Russie. »

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    Écoute-moi, Passant des heures, toi qui foules
    L’immesurable bloc qu’en ton rêve dompté
    Erigèrent les cent bras de ta volonté,
    Montagne d’or debout sur la brume des foules :

    Écoute-moi, quêteur du dernier horizon !
    Je suis cela qui parle au plus profond de l’Homme,
    Cela par quoi mourront tes dieux, et que l'on nomme,
    Dans la terrible nuit d’où...

  • Sonnet

    Quelque si doux espoir où ma raison s'appuie,
    Un mal si découvert ne se saurait cacher ;
    J'emporte malheureux, quelque part où je fuie,
    Un trait qu'aucun secours ne me peut arracher.

    Je viens dans un désert mes larmes épancher,
    Où la terre languit, où le Soleil s'ennuie,
    Et d'un torrent de pleurs qu'on ne peut étancher
    Couvre l'...

  • Ce n'est qu'un vent furtif que le bien de nos jours,
    Qu'une fumée en l'air, un songe peu durable ;
    Notre vie est un rien, à un point comparable,
    Si nous considérons ce qui dure toujours.

    L'homme se rend encor lui-même misérable,
    Ce peu de temps duquel il abrège ses jours
    Par mille passions, par mille vains discours,
    Tant la sotte raison le rend...

  • Si ma raison en moy s'est peu remettre,
    Si recouvrer asthure je me puis,
    Si j'ay du sens, si plus homme je suis,
    Je t'en mercie, ô bien heureuse lettre.

    Qui m'eust (hélas), qui m'eust sceu recognoistre,
    Lors qu'enragé, vaincu de mes ennuys,
    En blasphemant, Madame je poursuis ?
    De loing, honteux, je te vis lors paroistre,

    Ô sainct papier...

  • DESCRIPTION CHIMÉRIQUE D'UN ÊTRE DE RAISON,
    FABRIQUÉ DE PIÈCES RAPPORTÉES, HABILLÉ D'UNE
    ÉTOFFE A DOUBLE SENS, LEQUEL FUT CONSTRUIT
    PAR UNE ASSEMBLÉE D'ÉQUIVOQUES,ASSISTÉES DU
    GÉNIE BURLESQUE (1713)

    Il a un corps de garde,
    Des membres de période,
    Une tête d'Armée,
    Une face de théâtre,
    Des traits d'arbalète,
    Le front d'un bataillon...

  • Ma raison me l'a dit aussi bien que mes yeux,
    Que vous estiez toute charmante et belle ;
    Mais elle eust fait bien mieux
    De m'advertir que vous estiez cruelle.