• Cathédrale monstre ! Bâtie
    Contre le droit et le devoir !
    Plan incliné. La sacristie,
    Glissante, devient l’abattoir.

    Ici les cierges, là les torches.
    Dans ce temple, à deux fins construit,
    On juxtapose les deux porches
    De la lumière et de la nuit.

    Fausse lumière et nuit réelle.
    L’ombre de Rome sur Paris.
    Une aigle ayant au bout de l...

  • Prends le livre. Assieds-toi dans l'herbe où ton fuseau
    Également chargé de laine blanche et noire
    Enroule à son ébène et lie à son ivoire
    Son double fil oisif que ne rompt nul ciseau.

    L'herbe frôle en tremblant tes mains; le ciel est beau
    Et la verte prairie autour de toi se moire.
    Vois, regarde passer aux marges du grimoire
    Ou l'ombre d'une feuille...

  •  

    J’OUVRE un livre, et c’est comme une voix que j’entends.
    Un visage adorable apparaît dans les lignes.
    Si je lis Rodenbach, je vois nager des cygnes
    Sur des canaux et dans la brume aux plis flottants.

    Je vois des ciels, des mers, des jardins éclatants,
    Par le miraculeux pouvoir de petits signes ;
    Et j’...

  •  
    J'entrais dans mes seize ans, léger de corps et d'âme,
    Mes cheveux entouraient mon front d'un filet d'or,
    Tout mon être était vierge et pourtant plein de flamme,
    Et vers mille bonheurs je tentais mon essor.

    Lors m'apparut mon ange, aimante créature ;
    Un beau livre brillait sur sa robe de lin,
    Livre blanc ; chaque feuille était unie et pure :...

  •  
    Je ne vous offre plus pour toutes mélodies
    Que des cris de révolte et des rimes hardies.
    Oui ! Mais en m’écoutant si vous alliez pâlir ?
    Si, surpris des éclats de ma verve imprudente,
    Vous maudissiez la voix énergique et stridente
    ...

  •  

    QUOI ? Toujours l’éternel regret !
    Toujours l’Alsace et la Lorraine !
    Mais la perte est déjà lointaine ;
    Un peuple pratique oublierait.

    N’avez-vous pas l’instinct secret
    Que ce serait la paix certaine,
    Si nous abjurions notre haine,
    Et qu’enfin l’on désarmerait ?

    Quand un arbre perd une branche,
    En meurt-il ? Nos...

  • Quand le livre où s’endort chaque soir ma pensée,
    Quand l’air de la maison, les soucis du foyer,
    Quand le bourdonnement de la ville insensée
    Où toujours on entend quelque chose crier,

    Quand tous ces mille soins de misère ou de fête
    Qui remplissent nos jours, cercle aride et borné,
    Ont tenu trop longtemps, comme un joug sur ma tête,
    Le regard de mon...

  •  
    Il est frappé, Konrad, sous le drapeau qu’il aime ;
    Il tombe dans sa force ; et le combat suprême
    Apporte au fier vaincu, fauché dans son printemps,
    La belle mort qu’on rêve et qu’on cherche à vingt ans,
    Qui vous prend jeune et pur, encor digne d’envie,
    La mort qui doit guérir et couronner la vie.
    La mort vient, mais trop lente ; au soldat resté seul...

  •  
    La prison de Konrad est sombre ; éclairs funèbres,
    Ses regards de courroux sillonnent les ténèbres.
    Soldat vaincu d’un droit qui succombe avec lui,
    Et doutant de ses dieux, insultés aujourd’hui,
    Il maudit cette foule au cœur bas et frivole,
    Qui fait du crime heureux une insolente idole.
    Blessé sous le drapeau dont il porte le deuil,
    II saigne...

  •  
    À cet âge où, des sens brisant la verte écorce,
    La fleur de l’âme éclate et brille dans sa force,
    Où tout prend une voix et, d’un accent vainqueur.
    Parlant hier aux yeux frappe aujourd’hui le cœur,
    Écolier, dans les bois il marchait plein de rêves.
    Respirant le soleil et le parfum des sèves,
    Il oubliait son livre entre ses mains ouvert,
    Et...