• Il est doux de raser en gondole la vague
    Des lagunes, le soir, au bord de l’horizon
    Quand la lune élargit son disque pâle et vague,
    Et que du marinier l’écho dit la chanson ;

    II est doux d’observer l’étoile qui rayonne,
    Paillette d’or cousue au dais du firmament,
    L’étoile qu’une blanche auréole environne,
    Et qui dans le ciel clair s’avance lentement...

  • Jeanne, tandis que tu fus belle,
    Tu le fus sans comparaison ;
    Anne à cette heure est de saison,
    Et ne vois rien si beau comme elle.
    Je sais que les ans lui mettront
    Comme à toi les rides au front,
    Et feront à sa tresse blonde
    Même outrage qu’à tes cheveux.
    Mais voilà comme va le monde :
    Je te voulus, et je la veux.

  •  
    Vous vous aimez avant tous,
    Paul, vous n’aimez que vous-même ;
    Mais si vous n’aimez que vous,
    Il n’est que vous qui vous aime.

    J. SAINTE-MARIE.

    [Le Conservateur littéraire, 15 avril 1820.]

  •  
    I suoi pensieri in lui dormir non ponno.
    TASSO. Ger. Lib., c. 10.

     

    Le Théâtre représente une chaumière des Alpes.

    MANFRED. — LE CHASSEUR DE CHAMOIS.

    LE CHASSEUR.

    NON, non ; restez, seigneur, vous ne pouvez...

  • Quand à mes vers je veux matiere élire
    Ma fantaisie au fin commencement
    Du nom, lequel je ly devotement
    DE ce saint nom me commende d'ecrire :

    Mais quand je vien à un peu apres lire
    Elle me chante alors tout autrement,
    N'y touche pas (dit elle) follement,
    N'Y touche pas, ta main n'y peut suffire :

    Puis quand j'en veux davantage savoir...

  • Que Parténice est belle, encor qu'elle soit noire !
    C'est le plus digne objet où s'adressent nos voeux ;
    A l'ébène éclatant qui luit en ses cheveux,
    L'or, et l'ambre ont cédé l'honneur de la victoire.

    Quelle si blanche main, ou d'albâtre ou d'ivoire ,
    De ses liens si noirs peut défaire les noeuds ?
    Quelle clarté de teint brille de tant de feux
    Que les...

  • A Philippe Monnier.

    Je te dédie, ô Mort, le suprême désir
    De mon coeur dépouillé de la robe illusoire ;
    Il mettra tout le feu qu'il avait au plaisir
    A mériter ta grâce, à conquérir ta gloire.

    Il est mûr pour ta gerbe ; il ne veut plus de vin :
    De son trésor, il n'a conservé qu'une envie
    De repos éternel et de néant divin,
    Dégoûté, dès le...

  • Esprits de plume et d'air, démons de l'inconstance,
    Qui ne trouvez jamais chez moi de résistance,
    Que je vous dois de voeux pour m'avoir fait savoir
    Que Philis, comme moi, cède à votre pouvoir !
    Nous vivons désormais francs de toute querelle,
    Chacun de nous suivra son humeur naturelle,
    Sans rendre nos désirs ni forcés, ni sujets ;
    Nous les attacherons...