Louis Duchosal

  • A Valentin Girod.

    Une confusion de sons, de feux et d'ailes,
    Où flottent des parfums de lys et d'orangers ;
    Une Vierge s'avance à pas fins et légers
    Sous un chapeau fleuri de claires asphodèles.

    Un doux peuple d'enfants heureux de se voir nus,
    S'ébat...

  • A Philippe Monnier.

    Je te dédie, ô Mort, le suprême désir
    De mon coeur dépouillé de la robe illusoire ;
    Il mettra tout le feu qu'il avait au plaisir
    A mériter ta grâce, à conquérir ta gloire.

    Il est mûr pour ta gerbe ; il ne veut plus de vin :
    De son...

  • Je ne commettrai pas le crime poétique
    De m'endormir parmi les parfums et les fleurs ;
    Les fleurs dont j'ai saisi le langage mystique
    Ont trop fait couler de mes pleurs.

    Ma mort sera plus lente et sera non moins sûre ;
    Il est d'autres moyens que la vague ou l'...

  • Je suis l'enfant parti pour ramasser des fleurs,
    Qui s'est égaré dans la forêt des douleurs.

    Ma blouse d'écolier était pleine de roses,
    Et je ne pensais pas à regarder les choses.

    Mais, lorsque j'ai levé les yeux, j'ai vu la nuit,
    Comme un immense oiseau,...

  • (extrait)

    ... Le choeur disait la mort des heures éphémères
    Et la fin du voyage épique de Jason
    Vers l'île où resplendit l'éternelle toison,
    Et la fuite éperdue et sombre des chimères.

    Le choeur disait le mal profond, l'esprit rendu,
    Le doute...

  • (extrait)

    ... J'ai dit à mon coeur désolé :
    Quittons cette tour de démence,
    Mêlons-nous à la vie immense,
    Soyons, dans l'ère qui commence,
    Parmi les moissonneurs du blé.
    Il est d'autres deuils que les nôtres
    Et le mot du problème humain,
    Trop grand...

  •  

    Les doigts lents de l’épreuve ont effeuillé les roses
    Et dispersé l’espoir promis aux jours futurs,
    Ô mon âme, le ciel est sourd, les temps sont durs,
    Fais que ton rêve monte, au-dessus, loin des choses.

    Les clairons de la gloire ont fini de sonner ;
    Le...

  •  

    O mains que nous avons baisées,
    Mains de nos père et mère aux gestes triomphants,
    O mains qui sur nos fronts ensoleillés d’enfants.
    Tant de fois vous êtes posées !

    Nous regrettons les bleus sommeils,
    La maison qu’on oublie au bord des eaux limpides
    ...

  •  

    C’est le temps d’hiver, pauvre cœur ;
    Dans le ciel tendu de ténèbres
    Flotte un rais de lune moqueur ;
    C’est le temps d’hiver, pauvre cœur,
    Les glas tintent, lents et funèbres.

    C’est le temps d’hiver, pauvre cœur ;
    Au lointain, stridentes et brèves,...

  •  

    Pour m’isoler un temps de l’angoisse hautaine,
    Mère, dont rien n’a su tarir le cœur aimant,
    Prends-moi sur tes genoux, berce-moi doucement,
    Comme aux jours lumineux de l’enfance lointaine.

    Roule, roule mon front las et décoloré
    Entre les seins bénis qui m’...