• Comme le corps ne permect point de veoir,
    A son esprit, ny sçauoir sa puissance :
    Ainsi l’erreur, qui tant me faict avoir
    Deuant les yeulx le bandeau d’ignorance,
    Ne m’à permis d'auoir la congnoissance
    De celuy là, que pour pres le chercher
    Les Dieux avoient voulu le m’approcher :
    Mais si hault bien ne m’àsceu apparoistre.
    Parquoy a droict l’on...

  • Gordes, que ferons-nous ? Aurons-nous point la paix ?
    Aurons-nous point la paix quelquefois sur la terre ?
    Sur la terre aurons-nous si longuement la guerre,
    La guerre qui au peuple est un si pesant faix ?

    Je ne vois que soudards, que chevaux et harnois,
    Je n'ois que deviser d'entreprendre et conquerre,
    Je n'ois plus que clairons, que tumulte et tonnerre...

  • Comme le corps ne permet point de voir
    À son esprit, ni savoir sa puissance :
    Ainsi l'erreur, qui tant me fait avoir
    Devant les yeux le bandeau d'ignorance,
    Ne m'a permis d'avoir la connaissance
    De celui-là que, pour près le chercher,
    Les Dieux avaient voulu le m'approcher :
    Mais si haut bien ne m'a su apparaître.

    Parquoi à droit l'on me...

  • Point ne se faut sur Amour excuser,
    Comme croyant qu'il ait forme, et substance
    Pour nous pouvoir contraindre et amuser,
    Voire forcer à son obéissance :
    Mais accuser notre folle plaisance
    Pouvons-nous bien, et à la vérité,
    Par qui un coeur plein de légèreté
    Se laisse vaincre, ou à gain, ou à perte,
    Espérant plus, que n'aura mérité
    Son amitié de...

  • Je ne crois point ce que vous dites :
    Que tant de bien me désiriez,
    Comme à celle, pour qui vous fites
    Ce que pour vous faire devriez.

    Mais quelle plus estimeriez :
    Ou celle qui, d'un coeur tremblant,
    N'ose dire ce que voudriez,
    Ou qui le dit d'un faux semblant ?

    (Rymes XXXI)

  • Le beau Printemps n'a point tant de fueillages verds
    L'Hyver tant de glaçons, l'Esté tant de javelles,
    Que durant cette nuict le Roy de l'univers
    Souffre d'indignitez et de peines nouvelles.

    Constant observateur de ses loix eterneles,
    Il patit sans jamais rabroüer ces pervers.
    Tandis les tons secrets des trompes paterneles
    (Non encor entendus)...

  • Muse, n'est-ce point là le feu de la Deesse
    Qui naquit autrefois dans le champ marinier,
    Qui d'un brin esclattant ne nous veut denier
    Du matin qui s'en vient le jour et la promesse ?

    Desja, n'est-ce point là l'aurore qui se dresse,
    Vermillonnant ces Montz de son char saffranier ?
    Desja, n'est-ce point là le flambeau journalier,
    Qui des plus petits...

  • Mon coeur ne te rends point à ces ennuis d'absence,
    Et quelque forts qu'ils soient sois encore plus fort,
    Quand même tu serais sur le point de la mort
    Mon coeur, ne te rends point, et reprends ta puissance.

    Que si tant de combats te donnent connaissance
    Que tu n'es pas toujours pour rompre leur effort,
    Garde-toi de tomber en un tel déconfort
    Que...

  • Ne vous étonnez point si mon esprit qui passe
    De travail en travail par tant de mouvements,
    Depuis qu'il est banni dans ces éloignements,
    Tout agile qu'il est ne change point de place.

    Ce que vous en voyez, quelque chose qu'il fasse,
    Il s'est planté si bien sur si bons fondements,
    Qu'il ne voudrait jamais souffrir de changements
    Si ce n'est que le...

  • Quand le Soleil, la torche coutumiere
    De l'Univers, s'est dans la mer rendu,
    Et pensons voir un voile noir tendu,
    Nous engendrant la nuit familiere

    Nul ne se plaint de se voir sans lumiere,
    Parcequ'il est plus qu'assés entendu,
    Que le Soleil nous est aptes rendu,
    Pour parcourir sa carriere ordinaire.

    Sans cris, sans dueil, tu te dois...