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    O mon pâle rêveur ! me disait une femme.
    Toi dont le cœur est mort dans ton sein déchiré,
    Et dont l’œil cependant reluit sous tant de flamme,
    Sceptique de vingt ans, as-tu jamais pleuré ?

    Hélas ! lui répondis-je, aux faiblesses humaines
    Je n’ai pu m’arracher encore tout entier ;
    La suprême apathie a de vastes domaines
    Où ne s’est point encor...

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    L’Océan n’adoucit son onde acre et salée
    Que lorsque le soleil l’a pompée au ciel bleu,
    Et reversée en pluie au sein de la vallée,

    La mer c’est le génie, et le soleil c’est Dieu.

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    Enfants, connaissez-vous un ange de la terre.
    Aussi pur, aussi beau que les anges des cieux ?
    Il embaume ici-bas le sentier solitaire
    Et rend doux et sereins tous les fronts soucieux.

    Autour de son grand front palpite la lumière.
    Il est venu vers nous pour faire croire en Dieu,
    Il vit dans les palais comme dans la chaumière,
    Et son regard d’...

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    I

    Je rêvais cette nuit
    A peu près vers minuit
    Que j’étais étendu mort, au fond d’une tombe,
    Et que ce froid brouillard qui, des monts, la nuit, tombe,
    Étendait sur le sol
    Son brumeux parasol ;

    II

    Quelques fleurs désolées
    Surgissaient isolées
    Au pied des buissons gris où le givre tremblait ;
    Cette nature, morne et...

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    O poëte niais ! pauvre arrangeur de rimes,
    Tu veux chanter, dis-tu, mais qui t’écoutera ?
    Eh ! les vers aujourd’hui se débitent en primes ;
    On en fait à la toise et nul ne les lira.

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    Il existe un poète aux odes insondées,
    Plus vaste que les cieux, plus grand que l’infini ;
    Son cœur est l’océan où naissent les idées,
    L’univers à genoux chante son nom béni.

    Son regard rajeunit les croyances ridées ;
    Il sculpte au cœur humain l’espoir dans le granit,
    Il calme de la mer les vagues débordées ;
    Aigle impossible, il a l’immensité...

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    I

    Voyager ! voyager !
    Sur un sol étranger
    A travers le danger
    Promener, libre et seul, sa vie aventureuse ;
    Près des vieux matelots,
    Écouter les grands flots
    A côté des îlots
    Chanter pendant la nuit sous la lune amoureuse.

    Au fond d’une forêt
    Dans un vallon secret
    S’arrêter où serait
    Une source limpide et de...

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    Connais-tu la romance
    Qui fait toujours pleurer,
    Que le cœur recommence
    Sans se désespérer ?

    Carl aimait Madeleine :
    Il eût baisé ses pas ;
    Il buvait son haleine :
    — Elle ne l’aimait pas.

    Elle aimait un beau pâtre
    Qui passait sans la voir ;
    Et souvent, près de l’âtre,
    Elle pleurait le soir.

    Le pâtre en la vallée...