Je marchais ébloui par le matin vermeil ;
Le fourmillement d’or de la mer au soleil
Aveuglait mes regards ; et je me sentais l’âme
Près d’elle s’alanguir à ses soupirs de femme.
Les flots étincelaient parfois comme des yeux.
Des troupes d’oiseaux blancs jetaient des cris joyeux,
Tournaient, et plongeaient fous, venant tremper leurs plumes
Aux...
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Une ceinture d'or resplendit à sa taille :
Terrible et belle, ainsi qu'une armée en bataille,
Le soir, quand elle marche en ses lourds vêtements,
Sa sinistre beauté fait pâlir ses amants.
Pareille à la Nature, inconstante comme elle,
Tendre parfois, parfois féroce et criminelle,
Déesse, à tout un peuple épris de sa beauté
Elle fait adorer sa... -
Tout est mensonge : aime pourtant,
Aime, rêve et désire encore ;
Présente ton cœur palpitant
A ces blessures qu’il adore.Tout est vanité : crois toujours,
Aime sans fin, désire et rêve ;
Ne reste jamais sans amours,
Souviens-toi que la vie est brève.De vertu, d’art enivre-toi,
Porte... -
Des vers retentissants valent-ils le silence
D'une âme qui remplit son devoir simplement,
Et, pour autrui toujours pleine de vigilance,
Trouve sa récompense et sa joie en aimant ?
La splendeur de la forme est une corruptrice ;
Les ivresses du beau rarement nous font purs ;
Recherche pour ton dîme une... -
Aime, ainsi que la mer, la mer dressant ses vagues
Comme des seins tendus aux baisers du soleil,
Et de ses cris d’amour, de ses longs soupirs vagues,
Gémissante, emplissant tout l’espace vermeil ;Comme ces larges nuits qui cachent sous leurs voiles
La palpitation d’un coeur illimité,
Aime, et fais de ton coeur un grand ciel plein d’étoiles.
D... -
VIEILLE HISTOIRE
Pygmalion avait conçu sa Galatée ;
En elle projetant son rêve intérieur,
Il la fit si vivante et parfaite en sa fleur,
Qu’il l’adora, l’ayant trop tendrement sculptée.Pâle, à genoux, buvant cette blancheur lactée
Dont Aphrodite avait animé la froideur,
Il la priait, le cœur brûlé par sa splendeur :
Sa... -
POESIES
VIES PASSÉES
J’ai traversé souvent l’existence et la mort ;
J’ai transmigré partout ; et j’ai surgi d’abord
Sous les flots infinis, silencieux et mornes ;
Puis de la nuit des eaux vers des clartés sans bornes,
Vers l’océan du ciel, plus tiède, plus aimant,
Bête aveugle, à tâtons, j’ai nagé... -
Tu ne me connais pas, tu ne sais qui je suis,
Tu ne m'aperçois pas, le soir, quand je te suis,
Quand se perd ma pensée en tes lueurs de femme,
Quand je m'en vais, noyant mes sens, noyant mon âme
Dans les candeurs et les fraîcheurs de ta beauté.
Tes regards clairs, pareils à des matins d'été,
Si chastement encor s'arrêtent sur les choses :
Tu n'as jamais su... -
Le soleil est ma chair, le soleil est mon coeur,
Le coeur du ciel, mon coeur saignant qui vous fait vivre,
Le soleil, vase d'or, où fume la liqueur
De mon sang, est la coupe où la terre s'enivre.
Les astres sont mes yeux, mes yeux toujours ouverts,
Toujours dardant sur vous leurs brûlantes prunelles,
Et mes grands yeux aimants versent sur l'univers,
Sur... -
Ma pensée est sereine et rêve parfumée,
Comme la chambre heureuse où dort ma bien-aimée :
Large fleur au coeur blanc qui parfume la nuit,
La lune sur l'étang du ciel s'épanouit.
Ma pensée est sereine et rêve caressée
D'une odeur de santal que ta chair m'a laissée.