• Que j'aime les héros dont je conte l'histoire !
    Et qu'à m'occuper d'eux je trouve de douceur !
    J'ignore s'ils pourront m'acquérir de la gloire ;
    Mais je sais qu'ils font mon bonheur.
    Avec les animaux je veux passer ma vie ;
    Ils sont si bonne compagnie !
    Je conviens cependant, et c'est avec douleur,
    Que tous n'ont pas le même cœur....

  •  
    Comme sur la prairie au matin arrosée
    Étincelle et s'épand une fraîche rosée,
    Qui bientôt en vapeurs remonte vers les cieux ;
    Ainsi ma jeune sœur a brillé sous mes yeux.
    Toi que j'appelle en vain, durant la nuit obscure,
    Emma, toi de mon cœur éternelle blessure,
    Hélas ! Où retrouver ton sourire charmant,
    Ton entretien si doux, ton folâtre...

  • Un amateur d’oiseaux avait, en grand secret,
    Parmi les œufs d’une serine
    Glissé l’œuf d’un chardonneret.
    La mère des serins, bien plus tendre que fine,
    Ne s’en aperçut point, et couva comme sien...

  • Messieurs les beaux esprits, dont la prose et les vers
    Sont d'un style pompeux et toujours admirable,
    Mais que l'on n'entend point, écoutez cette fable,
           Et tâchez de devenir clairs.
     
    Un homme qui montrait la lanterne magique
           Avait un singe dont les tours
           Attiraient chez lui grand concours.
    Jacqueau, c'était son nom, sur la...

  • Des singes dans un bois jouaient à la main chaude ;
    Certaine guenon moricaude,
    Assise gravement, tenait sur ses genoux
    La tête de celui qui, courbant son échine,
    Sur sa main recevait les coups.
    On frappait fort, et puis devine !
    Il ne devinait point ; c’était alors des ris,
    Des sauts, des gambades, des cris.
    Attiré par le bruit du fond de sa...

  •  
    Édouard n'était plus : sa volonté suprême
    À la jeune Suffolk léguait le diadême ;
    Mais la sœur d'Edouard, en faveur de ses droits,
    Arme les bataillons de la sombre Tamise :
    Tout fléchit devant elle, et dans Londres soumise
    Ses mains ont ressaisi l'héritage des rois.
    Ô fortune ! ô revers ! Ophélie étonnée
    N'ose s'abandonner à de justes douleurs...

  •  
    Quand Jésus expirait, à ses plaintes funèbres,
    Le tombeau s'entr'ouvrit, le mont fut ébranlé.
    Un vieux mort l'entendit dans le sein des ténèbres ;
    Son antique repos tout à coup fut troublé.
    C'était Adam. Alors, soulevant sa paupière,
    II tourne lentement son œil plein de terreur,
    Et demande quel est, sur la croix meurtrière,
    Cet objet tout...

  •  
    Souffre un moment encor ; tout n'est que changement ;
    L'axe tourne, mon cœur ; souffre encore un moment.
    La vie est-elle toute aux ennuis condamnée ?
    L'hiver ne glace point tous les mois de l'année,
    L'Eurus retient souvent ses bonds impétueux ;
    Le fleuve, emprisonné dans des rocs tortueux,
    Lutte, s'échappe, et va, par des pentes fleuries,
    S'...

  •  
    Souvent le malheureux sourit parmi ses pleurs,
    Et voit quelque plaisir naître au sein des douleurs.
    Sous ses hauts monts ainsi l'Allobroge recèle,
    Sous ses monts, de l'hiver la patrie éternelle,
    Et les fleurs du printemps et les biens de l'été.
    Sur leurs arides fronts le voyageur porté
    S'étonne. Auprès des rocs d'âge en âge entassée,
    En flots...

  •  
    Verbe du temps ! voix de métal !
    Je frémis à ton glas qui sur mon sein retombe ;
    Il m’appelle, il m’appelle, hélas ! ce son fatal,
    Il m’appelle droit à la tombe.
    A peine eus-je entrouvert les yeux
    Au pur rayonnement des cieux,
    Que la mort fit déjà grincer ses dents immondes ;
    Et brandissant comme un éclair
    Sa faucille qui siffle en l’air...