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    Quand d’un souffle jaloux la Parque meurtrière
    Viendra de mon flambeau dissiper la lumière,
    Si tu viens près de moi, sur mon lit de douleur
    Ta présence pourra répandre des douceurs.
    Pour apaiser l’effroi que cet instant réveille,
    Que le son de ta voix flatte encore mon oreille,
    Qu’autour de toi mes bras soient encore attachés,
    Que tes yeux sur...

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    Pourquoi, me révoltant contre la destinée,
    Déplorer nuit et jour, dans ma plainte obstinée,
    Mes parens, mes amis au tombeau descendus,
    Et la perte de ceux que je n'ai point perdus ?
    Oui, de stériles pleurs pourquoi mouiller leur cendre ?
    Dans un monde éternel ils sont allés m'attendre.
    Ils coulent dans la paix des jours délicieux,
    Et l'astre du...

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    La raison dans mes vers conduit l’homme à la foi.
    C’est elle, qui portant son flambeau devant moi,
    M’encourage à chercher mon appui véritable,
    M’apprend à le connaître et me le rend aimable.
    Indociles mortels, suspendez vos mépris :
    Cette même raison dont vous êtes épris,
    Au joug que vous bravez, vous invite à vous rendre :
    Vous qui l’estimez...

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    De tes lois dès l’enfance heureusement instruit,
    Et par la foi, Seigneur, à la raison conduit,
    Permets que dans mes vers, sous une feinte image,
    J’ose pour un moment imiter le langage
    D’un mortel qui vers toi, de troubles agité,
    S’avance, et pas à pas cherche ta vérité.
    Quand je reçus la vie au milieu des alarmes,
    Et qu’aux cris maternels...

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    Cette ville autrefois maîtresse de la terre,
    Rome, qui par le fer et le droit de la guerre
    Domina si longtemps sur toute nation :
    Rome domine encor par la religion
    Avec plus de douceur, et non moins d’étendue,
    Son empire établi frappe d’abord ma vue.
    Ces peuples que l’erreur rendit ses ennemis,
    Contre elle révoltés, à son Dieu sont soumis....

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    Les empires détruits, les trônes renversés,
    Les champs couverts de morts, les peuples dispersés,
    Et tous ces grands revers, que notre erreur commune
    Croit nommer justement les jeux de la fortune,
    Sont les jeux de celui, qui maître de nos cœurs,
    A ses desseins secrets fait servir nos fureurs,
    Et de nos passions réglant la folle ivresse,
    De ses...

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    Le verbe égal à Dieu, splendeur de sa lumière,
    Avant que les mortels sortis de la poussière,
    Aux rayons du soleil eussent ouvert les yeux :
    Avant la terre, avant la naissance des cieux,
    Eternelle puissance, et sagesse suprême,
    Le verbe était en Dieu, fils de Dieu, Dieu lui-même.
    Fils de Dieu, cependant fils de l’homme à la fois,
    Peut-il...

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    Non, des mystères saints l’auguste obscurité
    Ne me fait point rougir de ma docilité.
    Je ne dispute point contre un maître suprême.
    Qui m’instruira de Dieu, si ce n’est Dieu lui-même ?
    Dans un sombre nuage il veut s’envelopper :
    Mais il est un rayon qu’il en laisse échapper.
    Que me faut-il de plus ? Je marche avec courage,
    Et content du rayon, j...

  • Un renard plein d’esprit, d’adresse, de prudence,
    À la cour d’un lion servait depuis longtemps;
         Les succès les plus éclatants
    Avaient prouvé son zèle et son intelligence.
    Pour peu qu’on l’employât, toute affaire allait bien.
    On le louait beaucoup, mais sans lui donner rien;
    Et l’habile renard était dans l’indigence.
         Lassé de servir des...

  • Un rhinocéros jeune et fort
    Disait un jour au dromadaire :
    Expliquez-moi, s’il vous plaît, mon cher frère,
    D’où peut venir pour nous l’injustice du sort.
    L’homme, cet animal puissant par son adresse,
    Vous recherche avec soin, vous loge, vous chérit,
    De son pain même vous nourrit,
    Et croit augmenter sa richesse
    En multipliant votre espèce.
    ...