• Le Juste restait droit sur ses hanches solides :
    Un rayon lui dorait l'épaule ; des sueurs
    Me prirent : " Tu veux voir rutiler les bolides ?
    Et, debout, écouter bourdonner les flueurs
    D'astres lactés, et les essaims d'astéroïdes ?

    " Par des farces de nuit ton front est épié,
    Ô juste ! Il faut gagner un toit. Dis ta prière,
    La bouche dans ton drap...

  • Je me ris des honneurs que tout le monde envie,
    Je méprise des grands le plus charmant accueil,
    J'évite les palais comme on fait un écueil
    Où pour peu de sauvés mille ont perdu la vie.

    Je fuis la cour des rois autant qu'elle est suivie,
    Le Louvre me paraît un funeste cercueil,
    La pompe qui le suit, une pompe de deuil
    Où chacun va pleurant sa...

  • « De grâce, apprenez-moi comment l'on fait fortune,
    Demandait à son père un jeune ambitieux.
    - Il est, dit le vieillard, un chemin glorieux :
    C'est de se rendre utile à la cause commune,
    De prodiguer ses jours, ses veilles, ses talents,
    Au service de la patrie.
    - Oh ! trop pénible est cette vie ;
    Je veux des moyens moins brillants.
    - Il en est de...

  • Le long des marbres noirs et des sombres portiques,
    Bordant du pâle Hadès les quais silencieux,
    L'éphèbe éblouissant et l'espoir dans les yeux
    Descend d'un pas léger les trois degrés mystiques.

    Fort de la calme foi des calmes temps antiques,
    Il sait que chez les morts, séjours mystérieux,
    Le héros chaste et nu trouve sous d'autres cieux
    Les palmes...

  • L'Homme, le fort Lion ; le Boeuf, et l'Aigle en pointe,
    Mathieu, Marc, Luc, et Jean ores vont accordant
    L'Orient, le Midi, le North et l'Occident,
    Et Nature, et la Loy, Grace, et Raison conjointe.

    Ninus, Cyre, Aléxandre, et César le plus cointe
    Ont esté renversez du chariot ardent :
    Le Chaldé, Perse, et Grec, et le Rommain prudent
    Ont cedé à l'...

  • Jeune homme irrité sur un banc d'école,
    Dont le coeur encor n'a chaud qu'au soleil,
    Vous refusez donc l'encre et la parole
    À celles qui font le foyer vermeil ?
    Savant, mais aigri par vos lassitudes,
    Un peu furieux de nos chants d'oiseaux,
    Vous nous couronnez de railleurs roseaux !
    Vous serez plus jeune après vos études :
    Quand vous sourirez,
    Vous...

  • Voici. Qaïn errait sur la face du monde.
    Dans la terre muette Ève dormait, et Seth,
    Celui qui naquit tard, en Hébron grandissait.
    Comme un arbre feuillu, mais que le temps émonde,
    Adam, sous le fardeau des siècles, languissait.

    Or, ce n'était plus l'Homme en sa gloire première,
    Tel qu'Iahvèh le fit pour la félicité,
    Calme et puissant, vêtu d'une mâle...

  • Quant bien un homme droit condamné par la rage
    Des calomniateurs sur l'eschaffaut sanglant
    Verroit choir sur son col le coutelas tremblant,
    Joüant devant le monde un triste personnage :

    N'estime pour autant d'un jugement peu sage
    Son deces mal-heureus : tel dans un lit branslant
    Va l'ame entre les siens doucement exalant,
    Qui porte l'infamie...

  • Quelle grandeur rend l'homme vénérable ?
    Quelle grosseur ? quel poil ? quelle couleur ?
    Qui est des yeux le plus emmielleur ?
    Qui fait plus tôt une plaie incurable ?

    Quel chant est plus à l'homme convenable ?
    Qui plus pénètre en chantant sa douleur ?
    Qui un doux luth fait encore meilleur ?
    Quel naturel est le plus amiable ?

    Je ne voudrais le...

  • Un homme de moyen âge,
    Et tirant sur le grison,
    Jugea qu'il était saison
    De songer au mariage.
    Il avait du comptant,
    Et partant
    De quoi choisir. Toutes voulaient lui plaire ;
    En quoi notre amoureux ne se pressait pas tant ;
    Bien adresser n'est pas petite affaire.
    Deux veuves sur son coeur eurent le plus de part :
    L'une encor verte, et l'autre...