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    Oh ! que n’ai-je vécu dans le beau moyen âge,
    Age heureux du poète, âge du troubadour !
    Quand tout ployait sous l’esclavage,
    Lui seul n’avait que le servage
    De sa lyre et de son amour.

    Donc, sous son mantelet emportait sa richesse,
    Sa lyre qui vibrait pour l’hospitalité ;
    Et son estramaçon sans cesse
    Demi-tiré pour sa maîtresse,
    ...

  • Pour que je t’aime, ô mon poëte,
    Ne fais pas fuir par trop d’ardeur
    Mon amour, colombe inquiète,
    Au ciel rose de la pudeur.

    L’oiseau qui marche dans l’allée
    S’effraye et part au moindre bruit ;
    Ma passion est chose ailée
    Et s’envole quand on la suit.

    Muet comme l’Hermès de marbre,
    Sous la charmille pose-toi ;
    Tu verras bientôt de...

  • Pourquoi, comme une jeune Poutre,
    De travers guignes-tu vers moi ?
    Pourquoi, farouche, fuis-tu outre,
    Quand je veux approcher de toi ?

    Tu ne veux pas que l'on te touche,
    Mais si je t'avais sous ma main,
    Assure-toi que dans la bouche
    Bientôt je t'aurais mis le frein.

    Puis, te voltant à toute bride,
    Soudain je te ferais au cours,
    Et...

  • Pourtant, si j'ai le chef plus blanc
    Que n'est d'un lis la fleur éclose,
    Et toi le visage plus franc
    Que n'est le bouton d'une rose

    Pour cela, cruelle, il ne faut
    Fuir ainsi ma tête blanche ;
    Si j'ai la tête blanche en haut,
    J'ai en bas la queue bien franche.

    Ne sais-tu pas, toi qui me fuis,
    Que pour bien faire une couronne,
    Ou...

  • Tai toi babillarde Arondelle,
    Par Dieu je plumerai ton aile
    Si je t'empongne, ou d'un couteau
    Je te couperai ta languette,
    Qui matin sans repos caquette
    Et m'estourdit tout le cerveau.

    Je te preste ma cheminée
    Pour chanter toute la journée,
    De soir, de nuit, quand tu voudras :
    Mais au matin ne me reveille,
    Et ne m'oste quand je sommeille...

  • Mon petit Bouquet mon mignon,
    Qui m'es plus fidel' compaignon
    Qu'Oreste ne fut à Pilade,
    Tout le jour quand je suis malade
    Mes valets qui pour leur devoir
    Le soing de moy debvroient avoir,
    Vont à leur plesir par la vile,
    Et ma vieille garde inutile,
    Aptes avoir largement beu,
    Yvre, s'endort aupres du feu,
    A l'heure qu' el' me devroit dire
    ...

  • Je veux aymer ardentement,
    Aussi veus-je qu'egallement
    On m'ayme d'une amour ardente :
    Toute amitié froidement lente
    Qui peut dissimuler son bien
    Ou taire son mal, ne vaut rien,
    Car faire en amours bonne mine
    De n'aymer point c'est le vray sine*.

    Les amans si frois en esté
    Admirateurs de chasteté,
    Et qui morfondus petrarquisent,...

  • Pour que je t'aime, ô mon poëte,
    Ne fais pas fuir par trop d'ardeur
    Mon amour, colombe inquiète,
    Au ciel rose de la pudeur.

    L'oiseau qui marche dans l'allée
    S'effraye et part au moindre bruit ;
    Ma passion est chose ailée
    Et s'envole quand on la suit.

    Muet comme l'Hermès de marbre,
    Sous la charmille pose-toi ;
    Tu verras...