Odelette à sa maistresse

Je veux aymer ardentement,
Aussi veus-je qu'egallement
On m'ayme d'une amour ardente :
Toute amitié froidement lente
Qui peut dissimuler son bien
Ou taire son mal, ne vaut rien,
Car faire en amours bonne mine
De n'aymer point c'est le vray sine*.

Les amans si frois en esté
Admirateurs de chasteté,
Et qui morfondus petrarquisent,
Sont toujours sots, car ils meprisent
Amour, qui de sa nature est
Ardent et pront, et à qui plest
De faire qu'une amitié dure
Quand elle tient de sa nature.

(*) signe

Collection: 
1555

More from Poet

Mikor fölnyíló ajkaidnak virágos ösvényein át felém leheli a rózsaillat: ajkaim a csók mámorát szomjazva mélyen elpirulnak és elborítanak a vágy gyönyörével, ha rádborulnak. Mert a csók nedvei lehullnak a szívbe, s elcsendesitik a szemed lángjától kigyulladt szerelmi máglya tüzeit. (Rónay György...

Je veux aymer ardentement,
Aussi veus-je qu'egallement
On m'ayme d'une amour ardente :
Toute amitié froidement lente
Qui peut dissimuler son bien
Ou taire son mal, ne vaut rien,
Car faire en amours bonne mine
De n'aymer point c'est le vray sine*.

...

Par un destin dedans mon coeur demeure,
L'oeil, et la main, et le crin délié
Qui m'ont si fort brûlé, serré, lié,
Qu'ars, pris, lassé, par eux faut que je meure.

Le feu, la prise, et le rets à toute heure,
Ardant, pressant, nouant mon amitié,
En m'immolant...

Pourtant si ta maîtresse est un petit putain,
Tu ne dois pour cela te courroucer contre elle.
Voudrais-tu bien haïr ton ami plus fidèle
Pour être un peu jureur, ou trop haut à la main ?

Il ne faut prendre ainsi tous péchés à dédain,
Quand la faute en péchant n'est...

Si je trépasse entre tes bras, Madame,
Il me suffit, car je ne veux avoir
Plus grand honneur, sinon que de me voir
En te baisant, dans ton sein rendre l'âme.

Celui que Mars horriblement enflamme
Aille à la guerre, et manque de pouvoir,
Et jeune d'ans, s'...