• Beau monstre de Nature, il est vrai, ton visage
    Est noir au dernier point, mais beau parfaitement :
    Et l’Ebène poli qui te sert d’ornement
    Sur le plus blanc ivoire emporte l’avantage.

    Ô merveille divine, inconnue à notre âge !
    Qu’un objet ténébreux luise si clairement ;
    Et qu’un charbon éteint, brûle plus vivement
    Que ceux qui de la flamme...

  • Pays des noirs ! berceau du pauvre Arsène,
    Ton souvenir vient-il chercher mon cœur ?
    Vent de Guinée, est-ce la douce haleine
    Qui me caresse et charme ma douleur ?
    M’apportes-tu les soupirs de ma mère,
    Ou la chanson qui console mon père ?…
    Jouez, dansez, beaux petits blancs ;
    Pour être bons, restez enfants !

    Nègre captif, couché sur le rivage,...

  • Captive et peut-être oubliée,
    Je songe à mes jeunes amours,
              À mes beaux jours,
    Et par la fenêtre grillée
    Je regarde l’oiseau joyeux
              Fendant les cieux.

    Douce et pâle consolatrice,
    Espérance, rayon d’en haut,
              Dans mon cachot
    Fais-moi, sous ta clarté propice,
    À ton miroir faux et charmant
              ...

  •  

    Un bel esclave à peau d’ébène,
    Mohammed ou bien Abdallah,
    Pour mon musée, heureuse aubaine,
    Vient du pays de : La Fellah.

    Comme elle, il habitait le Caire ;
    Tout en fumant son latakieh,
    Il la voyait passer naguère
    Sur la place de l’Esbékieh.

    Elle si blanche sous son masque,
    Lui si lumineusement noir ;
    L’une agaçant l’amour...

  •  
    TOUSSAINT.

                                          Avancez,
    Mes enfants, mes amis, frères d’ignominie !
    Vous que hait la nature et que l’homme renie ;
    A qui le lait d’un sein par les chaînes meurtri
    N’a fait qu’un cœur de fiel dans un corps amaigri ;
    Vous, semblables en tout à ce qui fait la bête ;
    Reptiles, dont je suis et la main et la tête !...

  • Beau monstre de Nature, il est vrai, ton visage
    Est noir au dernier point, mais beau parfaitement :
    Et l'Ebène poli qui te sert d'ornement
    Sur le plus blanc ivoire emporte l'avantage.

    Ô merveille divine, inconnue à notre âge !
    Qu'un objet ténébreux luise si clairement ;
    Et qu'un charbon éteint, brûle plus vivement
    Que ceux qui de la flamme entretiennent...

  • Ouvre ton aile au vent, mon beau ramier sauvage,
    Laisse à mes doigts brisés ton anneau d'esclavage !
    Tu n'as que trop pleuré ton élément, l'amour ;
    Sois heureux comme lui : sauve-toi sans retour !

    Que tu montes la nue, ou que tu rases l'onde,
    Souviens-toi de l'esclave en traversant le monde :
    L'esclave t'affranchit pour te rendre à l'amour ;
    Quitte-moi...

  • Tel, nu, sordide, affreux, nourri des plus vils mets,
    Esclave - vois, mon corps en a gardé les signes -
    Je suis né libre au fond du golfe aux belles lignes
    Où l'Hybla plein de miel mire ses bleus sommets.

    J'ai quitté l'île heureuse, hélas !... Ah ! si jamais
    Vers Syracuse et les abeilles et les vignes
    Tu retournes, suivant le vol vernal des cygnes,
    Cher...