• Nane, as-tu gardé souvenir
    Du Panthéon-Place Courcelle
    Qui roulait à cris de crécelle,
    Sans au but jamais parvenir ;
    Du jour où te sculptait la brise
    Sous ta jupe noire et cerise ;
    De l'impériale au banc haut,
    Où se scandait comme un ïambe
    La glissade avec le cahot,
    - Et du vieux qui lorgnait tes jambes ?

  • Puisque tes jours ne t'ont laissé
    Qu'un peu de cendre dans la bouche,
    Avant qu'on ne tende la couche
    Où ton coeur dorme, enfin glacé,
    Retourne, comme au temps passé,
    Cueillir, près de la dune instable,
    Le lys qu'y courbe un souffle amer,
    - Et grave ces mots sur le sable :
    Le rêve de l'homme est semblable
    Aux illusions de la mer.

  • I. M. N.

    Plus souple à dénouer mes plis
    Que le serpent n'ondule,
    Ayant tous, ô Vénus Pendule,
    Tes rites accomplis ;

    Quand vint l'heure où le coeur se navre,
    Et des fatals ciseaux,
    Je mourus, comme les oiseaux,
    Sans laisser de cadavre.

  • Dans la rue-des-Deux-Décadis
    Brillait en devanture
    Un citron plus beau que nature
    Ou même au Paradis ;

    Et tel qu'en mûrissait la terre
    Où mes premiers printemps
    Ombrageaient leurs jours inconstants
    Sous ton arbre, ô Cythère.

    Dans la rue-des-Deux-Décadis
    Passa dans sa voiture
    Une dame aux yeux d'aventure
    Le long des murs...

  • " Ce tapis que nous tissons comme
    " Le ver dans son linceul
    " Dont on ne voit que l'envers seul
    " C'est le destin de l'homme.

    " Mais peut-être qu'à d'autres yeux,
    " L'autre côté déploie
    " Le rêve, et les fleurs, et la joie
    " D'un dessin merveilleux. "

    Tel Fô, que l'or noir des tisanes
    Enivre, ou bien ses vers,
    Chante, et s'en va...

  • Quel pas sur le pavé boueux
    Sonne à travers la brume ?
    Deux boutiquiers, crachant le rhume,
    S'en retournent chez eux.

    - " C'est ce cocu de Lagnabère.
    - Oui, Faustine.
    - Ah, mon Dieu,
    En çà de Cogomble, quel feu !
    - Oui, c'est le réverbère.

    - Comme c'est gai, le mauvais temps...
    Et recevoir des gifles.
    - Oui, Faustine. "
    A...

  • Au détour de la rue étroite
    S'ouvre l'ombre et la cour
    Où Diane en plâtre, et qui court
    N'a que la jambe droite.

    Là-bas sur sa flûte de Pan,
    Un Ossalois nous lance
    Ces airs aigus comme une lance
    Qui percent le tympan,

    Ô Faustine, et je vois se tendre
    L'arc pur de ton sourcil ;
    Telle une autre Diane, si
    Le trait n'était si...

  • Ces roses pour moi destinées
    Par le choix de sa main,
    Aux premiers feux du lendemain,
    Elles étaient fanées.

    Avec les heures, un à un,
    Dans la vasque de cuivre,
    Leur calice tinte et délivre
    Une âme à leur parfum

    Liée, entre tant, ô Ménesse,
    Qu'à travers vos ébats,
    J'écoute résonner tout bas
    Le glas de ma jeunesse.

  • Si tu savais encor te lever de bonne heure,
    On irait jusqu'au bois, où, dans cette eau qui pleure
    Poursuivant la rainette, un jour, dans le cresson
    Tremblante, tes pieds nus ont leur nacre baignée.
    Déjà le rossignol a tari sa chanson ;
    L'aube a mis sa rosée aux toiles d'araignée,
    Et l'arme du chasseur, avec un faible son,
    Perce la brume, au loin, de...

  • Ô poète, à quoi bon chercher
    Des mots pour son délire ?
    Il n'y a qu'au bois de ta lyre
    Que tu l'as su toucher.

    Plus haut que toi, dans sa morphine,
    Chante un noir séraphin.
    Ma nourrice disait qu'Enfin
    Est le mari d'Enfine.