• Il faut finir mes jours en l’amour d’Uranie !
    L’absence ni le temps ne m’en sauraient guérir,
    Et je ne vois plus rien qui me pût secourir,
    Ni qui sût rappeler ma liberté bannie.

    Dès longtemps je connais sa rigueur infinie !
    Mais, pensant aux beautés pour qui je dois périr,
    Je bénis mon martyre et, content de mourir,
    Je n’ose murmurer contre sa...

  • Seve qui peins l’objet dont mon cœur suit la loy,
    Son pouvoir sans ton art assez loin peut s’estendre ;

    Laisse en paix l’Univers, ne luy va point apprendre
    Ce qu’il faut ignorer si l’on vent estre à soy.

    Aussi bien manque-t-il icy ie ne sçais quoy
    Que tu ne peus tracer, ny moy te faire entendre ;
    J’en conserve les traits qui n’ont rien que de tendre ;...

  • Résolution de maître Adam de ne plus aimer son ingrate par la
    protestation qu'il en fait à son confesseur

    Mon Père à deux genoux j'accuse mes malices,
    Avec un repentir profond et solennel,
    Et pour ne point tromper votre soin paternel,
    Je laisse de Phillis les aimables supplices.

    Éloignant ces beaux yeux, mes souverains complices,
    Je change en...

  • Ni la fleur qui naquit du beau nom de Junon,
    L'honneur à ce jour d'hui de l'écusson de France
    Ni le fleuron pourpré qui tira sa naissance
    De celui que Cyprine élut pour mignon,

    Ni celle qui d'Ajax fait vivre le renom,
    Ni l'autre qui s'éclôt quand le printemps commence,
    Née du beau jeune homme épris de sa présence
    Dont encore aujourd'hui elle...

  • Phylis, je ne suis plus des rimeurs de ce siècle
    Qui font pour un sonnet dix jours de cul de plomb
    Et qui sont obligés d'en venir aux noms propres
    Quand il leur faut rimer ou sur coiffe ou sur poil.

    Je n'affecte jamais rime riche ni pauvre
    De peur d'être contraint de suer comme un porc,
    Et hais plus que la mort ceux dont l'âme est si faible
    Que d'...

  • Plaisirs d'un noble ami qui sait chérir ma veine,
    Mélanges gracieux de prés et de guérets,
    Rustique amphithéâtre où de sombres forêts
    S'élèvent chef sur chef pour voir couler la Seine.

    Délices de la vue, aimable et riche plaine !
    On s'en va mettre à bas les trésors de Cérès,
    Que l'on voit ondoyer comme un vaste marets
    Quand il est agité d'une...

  • Que de ton beau jardin les merveilles j'admire !
    Que tout ce qu'on y voit, que tout ce qu'on y sent
    A d'aimables rapports avec le doux accent
    De ce divin oiseau qui chante et qui soupire !

    Qu'après ces rares sons dont triomphe ta lyre,
    Mon oreille se plait au tonnerre innocent
    Que l'on oit dans ta voûte où ravi l'on descend
    Pour monter en un lieu que...

  • Que le monde est constant en instabilité,
    Si l'on jouit d'une aise, au moins de l'apparence,
    Tantôt le sort muable en tranche l'espérance,
    Et tout est envieux de la félicité.

    Or' j'étais dédaigné de la feinte beauté
    Qui, par mille tourments, a prouvé ma constance,
    Ores, de mes douleurs, elle prend connaissance,
    Puis volage se rit de mon infirmité...