Seve qui peins l’objet dont mon cœur suit la loy,
Son pouvoir sans ton art assez loin peut s’estendre ;
Laisse en paix l’Univers, ne luy va point apprendre
Ce qu’il faut ignorer si l’on vent estre à soy.
Aussi bien manque-t-il icy ie ne sçais quoy
Que tu ne peus tracer, ny moy te faire entendre ;
J’en conserve les traits qui n’ont rien que de tendre ;
Amour les a formez plus grand peintre que toy.
Par d’inutiles soins pour moy tu te surpasses ;
Clarice est en mon ame avec toutes ses graces ;
Je m’en fais des Tableaux où tu n’as point de part :
Pour me faire sans cesse adorer cette Belle,
Il n’estoit pas besoin des efforts de ton art,
Mon cœur sans ce Portrait se souvient assez d’elle.
Le cœur gros de soupirs, les yeux noyez de larmes,
Plus triste que la mort, dom je sens les allarmes,
Jusques dans le tombeau je vous suy, cher espoux.
Comme je vous aimay d’une amour sans seconde,
Et que je vous louay d’un langage assez doux,
Pour ne plus rien aimer, ny rien loüer au monde,
J’ensevelis mon cœur et ma plume avec vous.