L'eau, dans les grands lacs bleus
Endormie,
Est le miroir des cieux :
Mais j'aime mieux les yeux
De ma mie.
Pour que l'ombre parfois
Nous sourie,
Un oiseau chante au bois :
Mais j'aime mieux la voix
De ma mie.
La rosée, à la fleur
Défleurie
Rend sa vive couleur :
Mais j'aime mieux un pleur
De ma mie.
...
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C'est assez soupirer pour un sujet pipeur
Qui tourne à mon malheur ses amours en coutume,
Pour aimer plus longtemps cette légère humeur
Il me faudrait avoir un courage de plume.
Elle a déjà cent fois mon amour délaissé,
D'un mépris supposé déguisant son courage,
Mais ce folâtre amour que j'eus par le passé
Est maintenant contraint de céder à l'... -
Dame ! vois-tu les grands blés d'or
Sous les couchants de Messidor
Saillir longs et droits de la glèbe.
Ils ne sont pas encor si longs
Que les flots de tes cheveux blonds
Où je cache mon front d'éphèbe.
Dame ! écoute la voix du vent
Dont l'aile caresse en rêvant
Une par une chaque tige.
Elle est moins vibrante d'émoi
Que ta... -
Le soir étend sur les grands bois
Son manteau d'ombre et de mystère ;
Les vieux menhirs, dans la bruyère
Qui s'endort, veillent et des voix
Semblent sortir de chaque pierre.
L'heure est muette comme aux temps
Où, dans les forêts souveraines,
Les vierges blondes et sereines
Et les druides aux cheveux blancs
Allaient cueillir le gui des... -
Si l'on me dédaigne, je laisse
La cruelle avec son dédain,
Sans que j'attende au lendemain
De faire nouvelle maîtresse ;
C'est erreur de se consumer
À se faire par force aimer.
Le plus souvent ces tant discrètes
Qui vont nos amours méprisant
Ont au coeur un feu plus cuisant ;
Mais les flammes en sont secrètes,
Que pour d'autres... -
Dessus les bords d'une fontaine
D'humide mousse revêtus,
Dont l'onde à maints replis tortus
S'allait égarant dans la plaine,
Un berger se mirant en l'eau
Chantait ces vers au chalumeau :
Cessez un jour, cessez, la belle,
Avant ma mort d'être cruelle.
Se peut-il qu'un si grand supplice
Que pour vous je souffre en aimant,
Si les... -
De la rue on entend sa plaintive chanson.
Pâle et rousse, le teint plein de taches de son,
Elle coud, de profil, assise à sa fenêtre.
Très sage et sachant bien qu'elle est laide peut-être,
Elle a son dé d'argent pour unique bijou.
Sa chambre est nue, avec des meubles d'acajou.
Elle gagne deux francs, fait de la lingerie
Et jette un sou quand vient l'orgue de... -
Triste exilé, qu'il te souvienne
Combien l'avenir était beau,
Quand sa main tremblait dans la tienne
Comme un oiseau,
Et combien ton âme était pleine
D'une bonne et douce chaleur,
Quand tu respirais son haleine
Comme une fleur !
Mais elle est loin, la chère idole,
Et tout s'assombrit de nouveau ;
Tu sais qu'un souvenir s'envole... -
Ecoutez la chanson bien douce
Qui ne pleure que pour vous plaire,
Elle est discrète, elle est légère :
Un frisson d'eau sur de la mousse !
La voix vous fut connue (et chère ?)
Mais à présent elle est voilée
Comme une veuve désolée,
Pourtant comme elle encore fière,
Et dans les longs plis de son voile,
Qui palpite aux brises d'automne.... -
Ils me disent que tu es blonde
Et que toute blonde est perfide,
Même ils ajoutent " comme l'onde ".
Je me ris de leur discours vide !
Tes yeux sont les plus beaux du monde
Et de ton sein je suis avide.
Ils me disent que tu es brune,
Qu'une brune a des yeux de braise
Et qu'un coeur qui cherche fortune
S'y brûle... Ô la bonne foutaise !...