L'Air paraît tout obscur ; la clarté diminue ;
Les arbres sont tous nus ; les ruisseaux tous glacés ;
Et les rochers affreux, sur leurs fronts hérissés,
Reçoivent cet amas, qui tombe de la Nue.
Tout le Ciel fond en eau ; la grêle continue ;
Des vents impétueux, les toits sont renversés ;
Et Neptune en fureur, aux Vaisseaux dispersés,
Fait sentir...
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Ô prodige étonnant et difficile à croire,
Enfin je vois Philis, sans haine, et sans orgueil ;
Après un long combat, j'emporte la victoire,
Et l'on voit mon triomphe, au bord de mon cercueil.
Ses yeux tout rayonnants de splendeur et de gloire,
Comme un faible nuage ont dissipé mon deuil ;
De l'orage passé, j'ai perdu la mémoire,
Et j'ai trouvé le... -
Sombre divinité, de qui la splendeur noire
Brille de feux obscurs qui peuvent tout brûler :
La neige n'a plus rien qui te puisse égaler,
Et l'ébène aujourd'hui l'emporte sur l'ivoire.
De ton obscurité vient l'éclat de ta gloire,
Et je vois dans tes yeux, dont je n'ose parler,
Un Amour africain, qui s'apprête à voler,
Et qui d'un arc d'ébène aspire... -
Celle qu'adore mon coeur n'est ni brune ni blonde ;
Pour la peindre d'un seul trait
C'est le plus charmant objet
Du monde.
Cependant de ses beautés le compte est bien facile ;
On lui voit cinq cents appas,
Et cinq cents qu'on ne voit pas
Font mille.
Sa sagesse et son esprit sont d'une main céleste ;
Mille attraits m'ont informé... -
Avoir peu de parents, moins de train que de rente,
Et chercher en tout temps l'honnête volupté,
Contenter ses désirs, maintenir sa santé,
Et l'âme de procès et de vices exempte ;
À rien d'ambitieux ne mettre son attente,
Voir ceux de sa maison en quelque autorité,
Mais sans besoin d'appui garder sa liberté,
De peur de s'engager à rien qui... -
Esprit, dès le berceau dans le ciel emporté,
Qui dédaignes l'éclat des choses moins durables,
Et toujours t'arrêtant aux desseins honorables,
Ne t'es jamais soumis à nulle vanité ;
Sujet à la raison, tu vis en liberté ;
Tant de vaines grandeurs, aux autres admirables,
Tant de plaisirs pipeurs, tant d'honneurs misérables,
N'ont jamais pu toucher tes... -
Les sanglots embrasés qu'à tout moment il tire,
Joignant à ses propos toujours quelque serment ;
Font que mille beautés pensent certainement
Qu'il n'est rien ici-bas égal à son martyre.
Par feintes passions pour toutes il soupire ;
Telle croit que ses yeux lui donnent du tourment,
Qui, le tenant bien pris, ne le tient nullement
Et dont le plus... -
Avecques mon amour naît l'amour de changer.
J'en aime une au matin ; l'autre au soir me possède.
Premier qu'avoir le mal, je cherche le remède,
N'attendant être pris pour me désengager.
Sous un espoir trop long je ne puis m'affliger ;
Quand une fait la brave, une autre lui succède ;
Et n'aime plus longtemps la belle que la laide :
Car dessous... -
Le ciel joint rarement l'esprit à la beauté.
Vous avez l'un et l'autre en un degré suprême,
Et c'est, à mon avis, un horrible blasphème
De ne pas vous tenir pour une déité.
Cet esprit, en tous lieux, est justement vanté,
Car vous faites des vers mieux que Malherbe même ;
Lorsque nous les lisons le plaisir est extrême
Et nous sommes surpris de leur... -
Le destin avec ma famille
M'a traîné loin de cette ville
En ces lieux où je me déplais.
Hélas ! je suis à la campagne,
Où je ne sais ce que je fais,
Sinon des châteaux en Espagne.
J'y fuis celui qui s'embarrasse
Dans les fatigues de la chasse,
Où souvent la raison se perd.
Pour une bête on s'y rend bête,
Et la fête de saint Hubert...