Esprit, dès le berceau dans le ciel emporté

Esprit, dès le berceau dans le ciel emporté,
Qui dédaignes l'éclat des choses moins durables,
Et toujours t'arrêtant aux desseins honorables,
Ne t'es jamais soumis à nulle vanité ;

Sujet à la raison, tu vis en liberté ;
Tant de vaines grandeurs, aux autres admirables,
Tant de plaisirs pipeurs, tant d'honneurs misérables,
N'ont jamais pu toucher tes ans ni ta beauté.

Le plaisir de nos jours, qui sans cesse varie,
Est semblable aux couleurs d'une plaine fleurie,
Qu'on voit après six mois en neiges se tourner ;

Mais nos saintes amours sont hors de la nature,
Le Ciel et la Vertu seront leur sépulture ;
Car jamais les saisons ne les pourront borner.

Collection: 
1608

More from Poet

  • Avecques mon amour naît l'amour de changer.
    J'en aime une au matin ; l'autre au soir me possède.
    Premier qu'avoir le mal, je cherche le remède,
    N'attendant être pris pour me désengager.

    Sous un espoir trop long je ne puis m'affliger ;
    Quand une fait la brave, une...

  • Les sanglots embrasés qu'à tout moment il tire,
    Joignant à ses propos toujours quelque serment ;
    Font que mille beautés pensent certainement
    Qu'il n'est rien ici-bas égal à son martyre.

    Par feintes passions pour toutes il soupire ;
    Telle croit que ses yeux lui...

  • Esprit, dès le berceau dans le ciel emporté,
    Qui dédaignes l'éclat des choses moins durables,
    Et toujours t'arrêtant aux desseins honorables,
    Ne t'es jamais soumis à nulle vanité ;

    Sujet à la raison, tu vis en liberté ;
    Tant de vaines grandeurs, aux autres...

  • Avoir peu de parents, moins de train que de rente,
    Et chercher en tout temps l'honnête volupté,
    Contenter ses désirs, maintenir sa santé,
    Et l'âme de procès et de vices exempte ;

    À rien d'ambitieux ne mettre son attente,
    Voir ceux de sa maison en quelque autorité,...