• Superbes qui pensez, en dédaignant la mort,
    Trouver dessus la terre une éternelle base,
    Pour y fonder un bien non tributaire au sort,
    La vie est un soupir, et la mort une extase.

    Notre vie attachée à un faible filet
    Gît et pend sur le bord de la mourante lèvre
    La mort pour nous ravir or nous cille un oeillet,
    Nous berce, nous endort, et du monde...

  • Du rien je m'achemine aux pieds de Jésus-Christ,
    Des pieds à son côté où je reçois l'esprit
    Qui fait parvenir l'homme à la divine bouche ;
    On jouit en ce lieu d'une si grande paix
    Que la sainte âme veut demeurer à jamais
    Dans cette heureuse couche.

    Ô beau lit de l'époux plein d'oeillets et de lys !
    N'êtes-vous pas de Dieu le très doux Paradis ?...

  • Qu'est-ce donc que je vois ? Quelle vision pure !
    Je vois le Créateur, en lui la créature,
    Je vois l'être et le rien,
    Je vois le rien en Dieu, l'être qui l'être pâme,
    Si l'un me fait mourir, l'autre ravit mon âme
    Dans son souverain bien.

    Je vois le néant simple en la nature belle.
    Quel prodige ! un néant du néant se révèle
    En moi par le péché...

  • Solitaire hauteur, sainte horreur ravissante,
    Silence glorieux,
    Beau sein des Séraphins, ombre resplendissante,
    Douce mort de nos yeux,
    Extase des esprits, jusqu'à vous ma pensée
    Ne peut être élancée.

    Je connais par la foi que vous êtes Dieu même
    Qui ne peut être vu,
    De vos pures clartés un seul rayon suprême
    Ayant l'âme entrevu,
    En un...

  • Que le monde est constant en instabilité,
    Si l'on jouit d'une aise, au moins de l'apparence,
    Tantôt le sort muable en tranche l'espérance,
    Et tout est envieux de la félicité.

    Or' j'étais dédaigné de la feinte beauté
    Qui, par mille tourments, a prouvé ma constance,
    Ores, de mes douleurs, elle prend connaissance,
    Puis volage se rit de mon infirmité...

  • [...] Sus, sus, il faut partir, il faut trousser bagage,
    J'entends les grands hérauts de la divinité
    Qui me viennent sommer au céleste voyage,
    Seigneur, loge mon âme au sein de ta bonté.

    Adieu, soleil, qui sors de l'onde marinière
    Pour faire voir à tous ce petit monde, adieu,
    Je vais voir un soleil, dont la pure lumière
    Ravit les habitants de la...

  • Ceux qui nagent à gré, au courant des délices
    De ce monde orageux, inconstant et mouvant,
    Se gavent de ceux-ci, qu'un impétueux vent
    Pousse au seuil des rochers, voisins des précipices,

    Ceux-là, bous d'orgueil, font gloire de leurs vices,
    Servent à leurs désirs, vont les bons poursuivant
    Pour les rendre confus, malins les décevant
    Par leur fausse...

  • Cache-toi, beau Soleil, je ne mérite pas
    Entrevoir la lueur de ta face suprême,
    Mais las ! sans tes rayons tout périrait çà-bas,
    Il faut donc que chétif je me cache moi-même.

    Le lieu le plus secret d'un désert écarté,
    L'ombrage plus obscur d'un antre plus sauvage,
    Rien ne peut déceler ma pâle iniquité,
    Au vice ayant donné mon âme pour otage....

  • ... Sur les flancs du Moléson,
    Ah ! voyez ce frais gazon !
    Entendez les chansonnettes
    Du pinson, des alouettes ;
    Chantons, que l'on soit prêt !
    Partons pour le chalet. [...]

  • La lune est d'argent sous les arbres roses,
    Des fruits fabuleux font plier les branches
    Et voici neiger des floraisons blanches. -
    Un follet s'enfuit par l'ombre morose.

    Tes yeux fous, ce sont des enfants perdus
    Que séduit l'ardeur des fruits défendus ;
    Tes yeux d'or ce sont des enfants pervers
    Curieux d'amour et de pommes vertes ;
    Je vois,...