• Rentrez dans vos cartons, robe, rubans, résille !
    Rentrez, je ne suis plus l'heureuse jeune fille
    Que vous avez connue en de plus anciens jours.
    Je ne suis plus coquette, ô mes pauvres atours !
    Laissez-moi ma cornette et ma robe de chambre,
    Laissez-moi les porter jusqu'au mois de décembre ;
    Leur timide couleur n'offense point mes yeux :
    C'est comme un...

  • Au clair soleil de la jeunesse,
    Pauvre enfant d'été, moi, j'ai cru.
    - Est-il sûr qu'un jour tout renaisse,
    Après que tout a disparu ?

    Pauvre enfant d'été, moi, j'ai cru !
    Et tout manque où ma main s'appuie.
    - Après que tout a disparu
    Je regarde tomber la pluie.

    Et tout manque où ma main s'appuie.
    Hélas ! les beaux jours ne sont...

  • L'âge d'or précieux
    Délaissant la terre ronde,
    Saturne, chassé des cieux,
    Laissa l'empire du monde.

    Et lors ses trois fils, pervers,
    Avançant leur héritage,
    Départirent l'univers
    Chacun selon son partage.

    Jupiter eut par hasard
    Le ciel tournoyant la terre,
    Et fortifia sa part
    Des foudres et du tonnerre.

    ...

  • O combien est heureux
    Celui qui se contente
    Des biens si plantureux
    Que nature présente !
    Autres biens que ceux-ci
    Sont meslés de souci.

    J'ai toute suffisance
    Que la vie requiert:
    Qui abonde en chevance
    Pour autrui en acquiert.
    Trésors En vain sont amassés.

    Qui se fonde en l'honneur,
    A Fortune se joue,
    Qui...

  • La jeune fille est semblable à la rose,
    Au beau jardin, sur l'épine naïve,
    Tandis que sûre et seulette repose,
    Sans que troupeau ni berger y arrive.
    L'air doux l'échauffe et l'aurore l'arrose ;
    La terre, l'eau par sa faveur l'avive.
    Mais jeunes gens et dames amoureuses
    De la cueillir ont les mains envieuses.
    La terre et l'air qui la soulaient...

  • Adieu, ville, vous command ;
    Il n'est plaisir que des champs.
    L'autre hier, trouvai Sylvette,
    Son petit troupeau gardant :
    Quand je la trouvai seulette,
    S'amour allai demandant.
    Adieu, ville, vous command ;
    Il n'est plaisir que des champs.

    "A quoi pensez-vous, bergere
    En cette fleur de quinze ans?
    La beauté passe légere,
    ...

  • Ode

    Si en un lieu solitaire
    Les ennuis me font retraire
    Pour me plaindre tout seulet,
    Si je cherche les montagnes,
    Ou des plus vertes campagnes
    Le murmurant ruisselet ;
    Lors ces choses tant secrètes,
    Bien qu'aux autres soient muettes,
    Me voyant en tel émoi,
    Toutes d'un chant pitoyable,
    Mais, hélas ! peu secourable,
    Gémissent avecque...

  • Depuis le jour qu'il me convint distraire,
    Et d'avec moy, comme voeuf m'absenter,
    Je n'ay cessé de plaindre et lamenter,
    Traisnant ma vie amerement austere.

    Me desrobant dans un bois solitaire,
    Rien ne se vient à mes yeux presenter
    Fors une horreur, qui faict espouvanter
    Mon cerveau vuide en cent doubtes contraire.

    Morne et pensif, d'une face...

  • Soit qu'esgaré par l'espesseur d'un bois,
    Ou par l'horreur de quelque antre sauvage,
    Ou soit qu'auprès d'un trepillant rivage,
    Je tranche l'air des souspirs de ma voix ;

    Soit qu'en resvant aux amoureuses loix,
    Du rossignol j'escoute le ramage,
    Ou qu'en pensant ramollir mon courage,
    Mon luth j'anime au passer de mes doigts ;

    Vers quelque...

  • Quand tu naquis en ces bas lieux
    Tous les dieux et les demi dieux
    Et les déesses plus bénines
    Gravèrent de lettres divines
    Dans ton astre bien fortuné
    "Le Délien est né !"
    Tout le Parnassien troupeau
    Chantant autour de ton berceau,
    Te prévoyant son prêtre en France,
    Disait en l'heur de ta naissance
    Sur ton front déjà couronné
    "...