Autour des corps, qu'une mort avancée
Par violance a privez d'un beau jour,
Les ombres vont, et font maint et maint tour,
Aimans encor leur dépoüille laissée.
Au lieu cruel, où j'eu l'ame blessée
Et fu meurtri par les flèches d'Amour,
J'erre, je tourne et retourne à l'entour,
Ombre maudite, errante et dechassée.
Legers esprits, plus que...
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Je crois que tout mon lit de chardons est semé !
Qu'il est rude et malfait. Hé ! Dieu suis-je si tendre
Que je n'y puis durer ? je ne fais que m'étendre,
Et ne sens point venir le Somme accoutumé.
Il est après mi-nuit, je n'ai pas l'oeil fermé,
Et mes membres lassés repos ne peuvent prendre.
Sus Phebus, lève-toi ! ne te fais plus attendre.
Et de tes... -
Ô mon coeur plein d'ennuis, que trop prompt j'arraché
Pour immoler à une, hélas ! qui n'en fait conté !
Ô mes vers douloureux, les courriers de ma honte,
Dont le cruel Amour ne fut jamais touché !
Ô mon teint pâlissant, devant l'âge séché
Par la froide rigueur de celle qui me dompte !
Ô désirs trop ardents d'une jeunesse prompte !
Ô mes yeux dont... -
Celui qui n'a point vu le printemps gracieux
Quand il étale au ciel sa richesse prisée,
Remplissant l'air d'odeurs, les herbes de rosée,
Les coeurs d'affections, et de larmes les yeux :
Celui qui n'a point vu par un temps furieux
La tourmente cesser et la mer apaisée,
Et qui ne sait quand l'âme est du corps divisée
Comme on peut réjouir de la... -
Si la loi des amours saintement nous assemble,
Avec un seul esprit nous faisant respirer,
L'outrage du malheur se peut-il endurer,
Qui si cruellement nous arrache d'ensemble ?
Je ne vous vois jamais, mon coeur, que je ne tremble,
Appréhendant l'effort qui nous doit séparer :
Et n'ose bien souvent vos regards désirer,
Tant l'éclipse qui suit... -
Que servirait nier chose si reconnue ?
Je l'avoue, il est vrai, mon amour diminue,
Non pour objet nouveau qui me donne la loi,
Mais c'est que vos façons sont trop froides pour moi.
Vous avez trop d'égard, de conseil de sagesse,
Mon humeur n'est pas propre à si tiède maîtresse.
Je suis impatient, aveugle et furieux.
Pour aimer comme moi, trop clairs sont vos... -
Celui que l'Amour range à son commandement
Change de jour en jour de façon différente.
Hélas ! j'en ai bien fait mainte preuve apparente,
Ayant été par lui changé diversement.
Je me suis vu muer, pour le commencement,
En cerf qui porte au flanc une flèche sanglante,
Depuis je devins cygne, et d'une voix dolente
Je présageais ma mort, me plaignant... -
Si la vierge Erigone, Andromède, et Cythère,
Astres pleins d'amitié, bénins et gracieux,
Font le ciel plus aimable, et l'embellissent mieux
Que le noir Scorpion, l'Hydre et le Sagittaire,
Pourquoi ne changez-vous ce courage adversaire ?
Pourquoi ne sont plus doux vos propos et vos yeux ?
Pourquoi vous adorant m'êtes-vous si contraire ?
Pourquoi me... -
L'âpre fureur de mon mal véhément
Si hors de moi m'étrange et me retire
Que je ne sais si c'est moi qui soupire,
Ni sous quel ciel m'a jeté mon tourment.
Suis-je mort ? Non, j'ai trop de sentiment,
Je suis trop vif et passible au martyre.
Suis-je vivant ? Las ! je ne le puis dire,
Loin de vos yeux par qui j'ai mouvement !
Serait-ce un... -
Apollon dans l'exil végète sur la terre.
Dépouillé de sa gloire, il a fui loin du ciel,
Errant, comme l'aiglon qu'a rejeté son père
Loin du nid maternel.
Ah ! plaignez le destin du dieu de l'harmonie !
Des plus vils des humains il a subi la loi ;
Et celui dont l'Olympe admirait le génie
Est l'esclave d'un roi !
Près des lieux où l'Ossa...