Ô mon coeur plein d'ennuis, que trop prompt j'arraché
Pour immoler à une, hélas ! qui n'en fait conté !
Ô mes vers douloureux, les courriers de ma honte,
Dont le cruel Amour ne fut jamais touché !
Ô mon teint pâlissant, devant l'âge séché
Par la froide rigueur de celle qui me dompte !
Ô désirs trop ardents d'une jeunesse prompte !
Ô mes yeux dont sans cesse un fleuve est épanché !
Ô pensers trop pensés, qui rebellez mon âme !
Ô débile raison, ô lacs, ô traits, ô flamme,
Qu'Amour tient en ses yeux trop beaux pour mon malheur !
Ô douteux espérer ! ô douleur trop certaine !
Ô soupirs embrasés témoins de ma chaleur !
Viendra jamais le jour qui doit finir ma peine ?