• Passants, ne cherchez plus dessous l'Orque infernal,
    D'Ixion, de Sisyphe et des Bellides soeurs,
    Comme aux siècles passés, les travaux punisseurs,
    Ni l'importune soif du malheureux Tantale.

    N'y cherchez plus le feu du serviteur d'Omphale,
    Ni du fils d'Agénor les oiseaux ravisseurs,
    Le fuseau, le travail, les oiseaux meurtrisseurs,
    Ni l'effroyable...

  • Rien n'égale Paris ; on le blâme, on le louë ;
    L'un y suit son plaisir, l'autre son interest ;
    Mal ou bien, tout s'y fait, vaste grand comme il est
    On y vole, on y tuë, on y pend, on y rouë.

    On s'y montre, on s'y cache, on y plaide, on y jouë ;
    On y rit, on y pleure, on y meurt, on y naist :
    Dans sa diversité tout amuse, tout plaist,
    Jusques à son...

  • Une foule d'amants, que chez vous on tolère,
    De vos facilités cherche à s'avantager ;
    La patience même en serait en colère,
    Etes-vous un butin qu'il faille partager ?

    N'avez-vous rien à craindre, et rien à ménager ?
    Quoi ! tous également attendent leur salaire
    Avez-vous résolu de me faire enrager
    A force de vouloir éternellement plaire ?

    ...

  • Sonnet

    Madame, je vous donne un oiseau pour étrenne
    Duquel on ne saurait estimer la valeur ;
    S'il vous vient quelque ennui, maladie ou douleur,
    Il vous rendra soudain à votre aise et bien saine.

    Il n'est mal d'estomac, colique ni migraine
    Qu'il ne puisse guérir, mais sur tout il a l'heur
    Que contre l'accident de la pâle couleur
    Il porte...

  • Je mourrai de trop de désir,
    Si je la trouve inexorable ;
    Je mourrai de trop de plaisir,
    Si je la trouve favorable.
    Ainsi je ne saurais guérir
    De la douleur qui me possède :
    Je suis assuré de périr
    Par le mal ou par le remède.

  • Si mille oeillets, si mille liz j'embrasse,
    Entortillant mes bras tout à l'entour,
    Plus fort qu'un cep, qui d'un amoureux tour
    La branche aimée, en mille plis enlasse :

    Si le soucy ne jaunist plus ma face,
    Si le plaisir fait en moy son le jour,
    Si j'aime mieux les Ombres que le jour ,
    Songe divin, ce bien vient de ta grace.

    Suyvant ton vol je...

  • Je veux mourir pour tes beautés, Maîtresse,
    Pour ce bel oeil, qui me prit à son hain,
    Pour ce doux ris, pour ce baiser tout plein
    D'ambre et de musc, baiser d'une Déesse.

    Je veux mourir pour cette blonde tresse,
    Pour l'embonpoint de ce trop chaste sein,
    Pour la rigueur de cette douce main,
    Qui tout d'un coup me guérit et me blesse.

    Je veux...

  • Avant le temps tes temples fleuriront,
    De peu de jours ta fin sera bornée,
    Avant le soir se clorra ta journée ,
    Trahis d'espoir tes pensers periront :

    Sans me flechir tes escrits fletriront,
    En ton desastre ira ma destinée,
    Ta mort sera pour m'aimer terminée,
    De tes souspirs noz neveux se riront.

    Tu seras fait d'un vulgaire la fable :
    ...

  • Je vous envoye un bouquet que ma main
    Vient de trier de ces fleurs épanies,
    Qui ne les eust à ce vespre cuillies,
    Cheutes à terre elles fussent demain.

    Cela vous soit un exemple certain
    Que vos beautés, bien qu'elles soient fleuries,
    En peu de tems cherront toutes flétries,
    Et comme fleurs, periront tout soudain.

    Le tems s'en va, le...

  • Quand je suis tout baissé sur votre belle face,
    Je vois dedans vos yeux je ne sais quoi de blanc,
    Je ne sais quoi de noir, qui m'émeut tout le sang,
    Et qui jusques au coeur de veine en veine passe.

    Je vois dedans Amour, qui va changeant de place,
    Ores bas, ores haut, toujours me regardant,
    Et son arc contre moi coup sur coup débandant.
    Las ! si je faux...