• Lève-toi promptement, m'amour, ma toute belle
    Disait Dieu à la Vierge en ses divins écrits,
    Je suis de ta beauté divinement épris,
    Hâte-toi de venir, ma douce colombelle.

    La terre reverdit et prend robe nouvelle,
    Produisant maintes fleurs de valeur et de prix ;
    Jà la pluie et l'hiver ennuyant les esprits
    Sont passés, et voici le temps qui...

  • Chanson

    Ma maîtresse est toute angelette,
    Toute belle fleur nouvelette,
    Toute mon gracieux accueil,
    Toute ma petite brunette,
    Toute ma douce mignonnette,
    Toute mon coeur, toute mon oeil.

    Toute ma grâce et ma Charite,
    Toute belle perle d'élite,
    Toute doux parfum indien,
    Toute douce odeur d'Assyrie,
    Toute ma douce tromperie,...

  • Elle pleurait, toute pâle de crainte,
    Lors que la Mort sa moitié menaçait,
    Et tellement l'air de cris remplissait
    Que la Mort même à pleurer eut contrainte.

    Hélas ! mon Dieu, que sa grâce était sainte !
    Que beau son teint, qui les lys effaçait !
    Le trait d'Amour cependant me blessait,
    Et dans mon âme engravait sa complainte.

    L'air en...

  • On voit mourir toute chose animée,
    Lors que du corps l'âme subtile part.
    Je suis le corps, toi la meilleure part :
    Où es-tu donc, ô âme bien-aimée ?

    Ne me laissez par si long temps pâmée,
    Pour me sauver après viendrais trop tard.
    Las ! ne mets point ton corps en ce hasard :
    Rends-lui sa part et moitié estimée.

    Mais fais, Ami, que ne soit...

  • Puisque le gai printemps revient danser et rire,
    Puisque le doux Horace et que le doux Zéphyre
    M'attendent au milieu des prés et des buissons,
    L'un avec des parfums, l'autre avec des chansons,
    Puisque la terre en fleurs semble un tapis de Perse,
    Puisque le vent murmure et dans l'azur disperse
    La brume et la nuée en flottants archipels,
    Il me plaît de...

  • Je t'adore. Soyons deux heureux. Viens t'asseoir
    Dans une ombre qui soit un peu semblable au soir.
    Marchons bien doucement. Sois pensive. Sois lasse.
    Profitons du moment où personne ne passe ;
    Entrons dans le hallier, cachés par les blés mûrs.

    Que ne puis-je élever brusquement quatre murs
    Ici, dans ce coin chaste, et d'un coup de baguette !
    La...

  • Or, nous cueillions ensemble la pervenche.

    Je soupirais, je crois qu'elle rêvait.
    Ma joue à peine avait un blond duvet.
    Elle avait mis son jupon du dimanche ;
    Je le baissais chaque fois qu'une branche
    Le relevait.

    Et nous cueillions ensemble la pervenche.

    Le diable est fin, mais nous sommes bien sots.
    Elle s'assit sous de charmants...

  • J'allais au Luxembourg rêver, ô temps lointain,
    Dès l'aurore, et j'étais moi-même le matin.
    Les nids dialoguaient tout bas, et les allées
    Désertes étaient d'ombre et de soleil mêlées ;
    J'étais pensif, j'étais profond, j'étais niais.
    Comme je regardais et comme j'épiais !
    Qui ? La Vénus, l'Hébé, la nymphe chasseresse.
    Je sentais du printemps l'invisible...

  • Nous étions seuls dans l'ombre et l'extase suprême.
    Elle disait : je t'aime ! et je disais : je t'aime !
    Elle disait : toujours ! et je disais : toujours !
    Elle ajoutait : nos coeurs sont époux, nos amours
    Vaincront la destinée, et rien ne me tourmente,
    Étant, toi le plus fort, et moi, la plus aimante.
    Et moi, je reprenais : la ville est sombre, vois.
    ...

  • Un coup de vent passa, souffle leste et charmant
    Qui fit tourbillonner les jupes follement.
    Je la savais ailée, étoilée, azurée,
    Je l'adorais ; mon âme allait dans l'empyrée
    A sa suite. Oh ! l'amour, c'est tout ; le reste est vain.
    Je ne supposais pas que cet être divin
    Qui m'emportait rêveur si loin de la matière,
    Eût des jambes ; soudain je vis sa...