Elle pleurait, toute pâle de crainte

Elle pleurait, toute pâle de crainte,
Lors que la Mort sa moitié menaçait,
Et tellement l'air de cris remplissait
Que la Mort même à pleurer eut contrainte.

Hélas ! mon Dieu, que sa grâce était sainte !
Que beau son teint, qui les lys effaçait !
Le trait d'Amour cependant me blessait,
Et dans mon âme engravait sa complainte.

L'air en pleurant sa douleur témoigna,
Le beau soleil de pitié s'éloigna,
Les vents émus retenaient leurs haleines,

Et sur la terre où tombèrent les pleurs
De ses beaux yeux, amoureuses fontaines,
Tout s'émailla de verdure et de fleurs.

Collection: 
1576

More from Poet

  • L'âpre fureur de mon mal véhément
    Si hors de moi m'étrange et me retire
    Que je ne sais si c'est moi qui soupire,
    Ni sous quel ciel m'a jeté mon tourment.

    Suis-je mort ? Non, j'ai trop de sentiment,
    Je suis trop vif et passible au martyre.
    Suis-je vivant ? Las...

  • Si la vierge Erigone, Andromède, et Cythère,
    Astres pleins d'amitié, bénins et gracieux,
    Font le ciel plus aimable, et l'embellissent mieux
    Que le noir Scorpion, l'Hydre et le Sagittaire,

    Pourquoi ne changez-vous ce courage adversaire ?
    Pourquoi ne sont plus doux...

  • Celui que l'Amour range à son commandement
    Change de jour en jour de façon différente.
    Hélas ! j'en ai bien fait mainte preuve apparente,
    Ayant été par lui changé diversement.

    Je me suis vu muer, pour le commencement,
    En cerf qui porte au flanc une flèche sanglante...

  • Que servirait nier chose si reconnue ?
    Je l'avoue, il est vrai, mon amour diminue,
    Non pour objet nouveau qui me donne la loi,
    Mais c'est que vos façons sont trop froides pour moi.
    Vous avez trop d'égard, de conseil de sagesse,
    Mon humeur n'est pas propre à si tiède...

  • Si la loi des amours saintement nous assemble,
    Avec un seul esprit nous faisant respirer,
    L'outrage du malheur se peut-il endurer,
    Qui si cruellement nous arrache d'ensemble ?

    Je ne vous vois jamais, mon coeur, que je ne tremble,
    Appréhendant l'effort qui nous doit...