XV
Cantique de la Vierge dans « Sœur Béatrice »
À toute âme qui pleure,
À tout péché qui passe,
J’ouvre au sein des étoiles
Mes mains pleines de grâces.
Il n’est péché qui vive
Quand l’amour a parlé;
Il n’est âme qui meure
Quand l’amour a pleuré…
Et si l’amour s’égare
Aux sentiers d’ici-bas,...
De mon sang exhalé toute l'humeur périe
Me laisse desséché, et l'esprit de mon cœur
Éteint par trop d'ennui, me pousse en ma douleur
Aux extrêmes effets de la mélancolie.
Ha ! presque hors de moi forcenant de furie,
Tué, brisé, rompu, accablé de malheur,
J'ai souci, j'ai dépit, j'ai crainte, j'ai horreur,
De vos yeux, de mon mal, de la mort,...
Louez Dieu par toute la terre,
Non pour la crainte du tonnerre
Dont il menace les humains,
Mais pource que sa gloire en merveilles abonde,
Et que tant de beautés qui reluisent au monde
Sont les ouvrages de ses mains.
Sa providence libérale
Est une source générale
Toujours prête à nous arroser.
L’...
XI
Puisqu’ici-bas toute âme
Donne à quelqu’un
Sa musique, sa flamme,
Ou son parfum ;
Puisqu’ici tout chose
Donne toujours
Son épine ou sa rose
A ses amours ;
Puisqu’avril donne aux chênes
Un bruit charmant...
Toute Aurore même gourde
A crisper un poing obscur
Contre des clairons d’azur
Embouchés par cette sourde
A le pâtre avec la gourde
Jointe au bâton frappant dur
Le long de son pas futur
Tant que la source ample sourde
Par avance ainsi tu vis
O solitaire Puvis
De Chavannes
Toute cette nuit nous avons
Relu le vieil ami Shakspere
Aux beaux endroits que nous savons,
Et voici que la nuit expire.
Nous avons longtemps veillé, mais
Nous lisions le poëte unique,
Et la sombre nuit n'eut jamais
Plus d'étoiles à sa tunique.
Phoebé, qu'en riant nous troublons,
Va s'enfuir, et le jour va naître,
Et ma...
Toute l’âme résumée
Quand lente nous l’expirons
Dans plusieurs ronds de fumée
Abolis en autres ronds
Atteste quelque cigare
Brûlant savamment pour peu
Que la cendre se sépare
De son clair baiser de feu
Ainsi le chœur des romances
A la lèvre vole-t-il
Exclus-en si tu commences
Le réel parce que vil
Le sens trop précis...
Certe, ô solitude,
Je suis l'homme rude,
Le songeur viril;
Mais puis-je répondre
De ce que fait fondre
Un rayon d'avril?
L'âme, ô lois obscures,
A des aventures.
Je vis absorbé,
Pensée irritée,
Comme Prométhée,
Comme Niobé;
L'aspect de l'abîme,
La haine du crime,
L'horreur, le dédain,
Mettent dans ma...
Ce ne sont qu'horizons calmes et pacifiques;
On voit sur les coteaux des chasses magnifiques;
Le reste du pays, sous le ciel gris ou bleu,
Est une plaine avec une église au milieu.
Un lierre monstrueux à tige arborescente
Qui sort de l'herbe, ainsi qu'une griffe puissante,
Comme un des mille bras de Cybèle au front vert,
Semble, en ce champ aride et...
Ce que vous appelez dans votre obscur jargon :
Civilisation du Gange à l’Orégon,
Des Andes au Thibet, du Nil aux Cordillères,
Comment l’entendez-vous, ô noires fourmilières ?
De toute votre terre interrogez l’écho.
Voyez Lima, Cuba, Sydney, San-Francisco,
Melbourne. Vous croyez civiliser un monde,
Lorsque vous l’enfiévrez de quelque fièvre immonde,...