• Lecteur, à toi ces vers, graves historiens
    De ce que la plupart appelleraient des riens,
    Spectateur indulgent qui vis ainsi qu’on rêve,
    Qui laisses s’écouler le temps & trouves brève
    Cette succession de printemps & d’hivers,
    Lecteur mélancolique & doux, à toi ces vers.
    Ce sont des souvenirs, des éclairs, des boutades,
    Trouvés au coin de l’...

  • PROMENADES

    Je vis parmi les fleurs, les ruisseaux et les arbres.

    La ville ? elle est là-bas
    Avec ses millions de pas
    Et ses carrefours d’or, de basalte et de marbre ;
    La ville est loin des fleurs, des ruisseaux et des arbres.

    Dès qu’un peu de soleil m’y pousse ou m’y incite,
    Je fais visite,

    ...

  • Un tourbillon d’écume, au centre de la baie
    Formé par de secrets et profonds entonnoirs,
    Se berce mollement sur l’onde qu’il égaie,
    Vasque immense d’albâtre au milieu des flots noirs.

    Seigneur ! Que faites-vous de cette urne de neige ?
    Qu’y versez-vous dès l’aube et qu’en sort-il la nuit ?
    La mer lui jette en vain sa vague qui l’assiège,
    Le nuage sa...

  •  
    À Albéric Second.

    Dimanche : le soleil, dont les pâles rayons
    Nous font renaître encor lorsque nous les voyons,
    Luit dans le brouillard froid et gris ; les cheminées
    Se dressent sur les toits, noires, chaperonnées
    De tôle ; sur la place, écoutant les accords
    D’un orchestre guerrier, leurs beaux habits dehors,
    Mille bourgeois...

  • À Paul Dalloz.

    I

    Lecteur, à toi ces vers, graves historiens.
    De ce que la plupart appelleraient des riens.
    Spectateur indulgent qui vis ainsi qu’on rêve,
    Qui laisses s’écouler le temps et trouves brève
    Cette succession de printemps et d’hivers,
    Lecteur mélancolique et doux, à toi ces vers !

    Ce sont des souvenirs, des...

  • PREMIERE PROMENADE

    Un tourbillon d'écume, au centre de la baie
    Formé par de secrets et profonds entonnoirs,
    Se berce mollement sur ronde qu'il égaie,
    Vasque immense d'albâtre au milieu des flots noirs.

    Seigneur ! que faites-vous de cette urne de neige ?
    Qu'y versez-vous dès l'aube et qu'en sort-il la nuit ?
    La mer lui jette en vain sa vague qui...

  • DEUXIEME PROMENADE

    La mer donne l'écume et la terre le sable.
    L'or se mêle à l'argent dans les plis du flot vert.
    J'entends le bruit que fait l'éther infranchissable,
    Bruit immense et lointain, de silence couvert.

    Un enfant chante auprès de la mer qui murmure.
    Rien n'est grand, ni petit. Vous avez mis, mon Dieu,
    Sur la création et sur la...

  • TROISIEME PROMENADE

    Le soleil déclinait ; le soir prompt à le suivre
    Brunissait l'horizon ; sur la pierre d'un champ
    Un vieillard, qui n'a plus que peu de temps à vivre,
    S'était assis pensif, tourné vers le couchant.

    C'était un vieux pasteur, berger dans la montagne,
    Qui jadis, jeune et pauvre, heureux, libre et sans lois,
    A l'heure où le mont...

  • QUATRIEME PROMENADE

    Dieu ! que les monts sont beaux avec ces taches d'ombre !
    Que la mer a de grâce et le ciel de clarté !
    De mes jours passagers que m'importe le nombre !
    Je touche l'infini, je vois l'éternité.

    Orages ! passions ! taisez-vous dans mon âme !
    Jamais si près de Dieu mon coeur n'a pénétré.
    Le couchant me regarde avec ses yeux de...