• Les vapeurs du matin, légères et limpides,
    Ondulent mollement le long des Laurentides,
    Comme des nuages d'encens.
    Au murmure des flots caressant le rivage,
    Les oiseaux matineux, cachés dans le feuillage,
    Mêlent de suaves accents.

    La nature, au réveil, chante une hymne plaintive,
    Dont les accords touchants font retentir la rive
    Du Saint-Laurent aux...

  • Madame, ce matin je vous offre une fleur
    Qui du sang de Narcis a pris son origine :
    Pour vous y comparer Amour vous la destine,
    Et vous vient consacrer son tige et sa couleur.

    Vous semblez un Narcis de grâce et de rigueur,
    Il avait comme vous l'apparence divine,
    De sa vive beauté l'onde fut la ruine,
    Et je crains qu'un miroir cause votre malheur !...

  • Ja le matin, qui l'univers redore,
    De franges d'or et de perles s'ornoit,
    Et doucement tout en roses tournoit
    Le char serein de l'Indienne aurore.

    Las ! le souci qui sans fin me devore
    Aucun espoir de paix ne me donnoit :
    Plutôt le jour alors me ramenoit
    Mille tormens, et mille mors encore,

    Quand derrier' moi, au bout d'un gai preau,...

  • Des portes du matin l'Amante de Céphale,
    Ses roses épandait dans le milieu des airs,
    Et jetait sur les cieux nouvellement ouverts
    Ces traits d'or et d'azur qu'en naissant elle étale,

    Quand la Nymphe divine, à mon repos fatale,
    Apparut, et brilla de tant d'attraits divers,
    Qu'il semblait qu'elle seule éclairait l'Univers
    Et remplissait de feux la rive...

  • Oh ! Les éveils des bourgades sous l'or des branches,
    Où courent la lumière et l'ombre - et les roseaux
    Et les aiguilles d'or des insectes des eaux
    Et les barres des ponts de bois et leurs croix blanches.

    Et le pré plein de fleurs et l'écurie en planches
    Et le bousculement des baquets et des seaux
    Autour de la mangeoire où grouillent les pourceaux,...

  • Dès le matin, par mes grand'routes coutumières
    Qui traversent champs et vergers,
    Je suis parti clair et léger,
    Le corps enveloppé de vent et de lumière.

    Je vais, je ne sais où. Je vais, je suis heureux ;
    C'est fête et joie en ma poitrine ;
    Que m'importent droits et doctrines,
    Le caillou sonne et luit sous mes talons poudreux ;

    Je marche...