• C’est une chambre où tout languit et s’effémine ;
    L’or blême et chaud du soir, qu’émousse la persienne,
    D’un ton de vieil ivoire ou de guipure ancienne
    Apaise l’éclat dur d’un blanc tapis d’hermine.

    Plein de la voix mêlée autrefois à la sienne,
    Et triste, un clavecin d’ébène que domine
    Une coupe où se meurt, tendre, une balsamine,
    Pleure les doigts...

  • En toi je vis, où que tu sois absente :
    En moi je meurs, où que soye présent.
    Tant loin sois-tu, toujours tu es présente :
    Pour près que soye, encore suis-je absent.

    Et si nature outragée se sent
    De me voir vivre en toi trop plus qu'en moi :
    Le haut pouvoir qui, oeuvrant sans émoi,
    Infuse l'âme en ce mien corps passible,
    La prévoyant sans son...

  • Je veux m'enfermer seul avec mon souvenir,
    Immobile, oublieux des rafales d'automne
    Qui font les frondaisons se rouiller et jaunir
    Et de la mer roulant sa plainte monotone ;
    Je veux m'enfermer seul avec mon souvenir.

    Le demi-jour filtrant des étoffes tendues
    Sera doux et propice à mon coeur nonchalant,
    Quand je l'évoquerai du fond des étendues,...

  • Quelque lieu, quelque amour, quelque loi qui t'absente,
    Et ta déité tâche ôter de devant moi,
    Quelque oubli qui, contraint de lieu, d'amour, de loi,
    Fasse qu'en tout absent de ton coeur je me sente,

    Tu m'es, tu me seras sans fin pourtant présente
    Par le nom, par l'effet fatal qui est en toi,
    Par tout tu es Diane, en tout rien je ne vois,
    Qui mon...