• Des avalanches d’or du vieil azur, au jour
    Premier, et de la neige éternelle des astres
    Jadis tu détachas les grands calices pour
    La terre jeune encore et vierge de désastres,

    Le glaïeul fauve, avec les cygnes au col fin,
    Et ce divin laurier des âmes exilées
    Vermeil comme le pur orteil du séraphin
    Que rougit la pudeur des aurores foulées,

    L’...

  • VERS LES FLEURS

    Laissez-moi m’en aller vers les fleurs, mes amies,
    En ce calme jardin où s’enclôt leur clarté :
    La lune est déjà haute et luit au ciel d’été
    Et l’étang dort, près des fontaines endormies.

    Je suis las de marcher par le soir oppresseur ;
    J’ai besoin de sentir ce qui est pur sur terre
    ...

  •  
    C’était un lieu charmant, une roche isolée,
    Seule, perdue au loin dans la bruyère eu fleur ;
    La ronce y rougissait, et le merle siffleur
    Y jetait les éclats de sa note perlée.

    C’était un lieu charmant. Là, quand les feux du soir
    Empourpraient l’horizon d’une lueur mouvante,
    En écartant du pied la luzerne odorante,
    Tout rêveurs, elle et moi,...

  • Sonnet

    Il y a des moments où les femmes sont fleurs ;
    On n'a pas de respect pour ces fraîches corolles...
    Je suis un papillon qui fuit des choses folles,
    Et c'est dans un baiser suprême que je meurs.

    Mais il y a parfois de mauvaises rumeurs ;
    Je t'ai baisé le bec, oiseau bleu qui t'envoles,
    J'ai bouché mon oreille aux funèbres paroles ;
    ...

  • Élégie

    Proche de la saison où les plus vives fleurs
    Laissent évanouir leur âme et leurs couleurs,
    Un amant désolé, mélancolique et sombre,
    Jaloux de son chemin, de ses pas, de son ombre,
    Baisait aux bords de Loire en flattant son ennui,
    L'image de Caliste errante avecque lui.
    Rêvant auprès du fleuve il disait à son onde :
    " Si tu vas dans la...

  • Des avalanches d'or du vieil azur, au jour
    Premier et de la neige éternelle des astres
    Jadis tu détachas les grands calices pour
    La terre jeune encore et vierge de désastres,

    Le glaïeul fauve, avec les cygnes au col fin,
    Et ce divin laurier des âmes exilées
    Vermeil comme le pur orteil du séraphin
    Que rougit la pudeur des aurores foulées,

    L'...

  • Minuit au vieux beffroi : l'ombre dort, et la lune
    Se joue en l'aile noire et morne dont la nuit,
    Sombre corbeau, nous voile. Au ciel l'étoile fuit.
    - Mille voix du plaisir voltigent à moi : l'une

    M'apporte ris, baisers, chants de délire : suit
    Une fanfare où Strauss fait tournoyer la brune
    Au pied leste, au sein nu, que sa jupe importune.
    - Tes masques...

  • L'auteur étant prié par des belles dames de leur faire promptement
    une pièce de théâtre pour représenter à la campagne, et se voyant
    pressé de leur écrire le sujet qu'il avait choisi pour cette comédie,
    à laquelle il n'avait point pensé, leur envoya les vers qui suivent.


    Puisqu'il vous plaît que je vous die
    Le sujet de la comédie
    Que je médite...

  • Belles fleurs que la lune en croissant fait paraître,
    Vous vous rapportez fort avec les autres fleurs,
    Car l'excès des humeurs comme vous les fait naître,
    Et vous tombez aussi par l'excès des chaleurs.

    Comme les fleurs nous font aimer le jardinage,
    Nous tirant par les yeux d'un fort enchantement,
    On dit que vous pouvez faire aimer davantage
    Si...

  • Comme au printemps de l'autre année,
    Au mois des fleurs, après les froids,
    Par quelque belle matinée,
    Nous irons encore sous bois.

    Nous y verrons les mêmes choses,
    Le même glorieux réveil,
    Et les mêmes métamorphoses
    De tout ce qui vit au soleil.

    Nous y verrons les grands squelettes
    Des arbres gris, ressusciter,
    Et les yeux...