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    Flac ! le rasoir au dos de plomb
    Vient de crouler comme une masse !
    Il est tombé net et d’aplomb :
    La tête sautille et grimace,
    Et le corps gît tout de son long.

    Sur le signe d’un monsieur blond,
    Le décapité qu’on ramasse
    Est coffré, chargé : c’est pas long !
    ...

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    Des pêchers roses, tous en chœur
    Embaument les vignes désertes ;
    Le battoir fait son bruit claqueur
    Au bord des mares découvertes,
    Et la nuit perd de sa longueur.

    Le vent qui n’a plus de rigueur
    Éparpille en souffles alertes
    La contagieuse langueur
          Des pêchers roses.

    L’Amour sourit, tendre et moqueur,
    Car bientôt, dans...

  • Votre beau thé, moins rare que vos yeux,
    Votre thé vert, fleuri, délicieux,
    Qui vaut quasi dix mille francs la livre,
    Moins que la fleur de vos yeux il enivre
    Et fait rêver qu'on s'en va dans les cieux.

    J'ai bu les deux aromes précieux ;
    Et jusqu'au jour dans mon lit soucieux
    Il m'a sonné des fanfares de cuivre,
    Votre beau thé.

    Je...

  • Oui, pour le moins, laissez-moi, jeune Ismène,
    Pleurer tout bas ; si jamais, inhumaine,
    J'osais vous peindre avec de vrais accents
    Le feu caché qu'en mes veines je sens,
    Vous gémiriez, cruelle, de ma peine.

    Par ce récit, l'aventure est certaine,
    Je changerais en amour votre haine,
    Votre froideur en désirs bien pressants,
    Oui, pour le moins.
    ...

  • Entre les plis de votre robe close
    On entrevoit le contour d'un sein rose,
    Des bras hardis, un beau corps potelé,
    Suave, et dans la neige modelé,
    Mais dont, hélas ! un avare dispose.

    Un vieux sceptique à la bile morose
    Médit de vous et blasphème, et suppose
    Qu'à la nature un peu d'art s'est mêlé
    Entre les plis.

    Moi, qu'éblouit votre...

  • Il est aisé de plaire à qui veut plaire.
    D'un ignorant un bavard écouté,
    D'un journaliste un rimailleur vanté,
    Sans nulle peine y trouvent leur affaire.
    Louer un sot, c'est pure charité.

    Une Araminte à demi centenaire
    Dans son miroir voit un portrait flatté.
    De nos bas bleus si l'éloge est à faire,
    Il est aisé.

    Mais, s'il faut...

  • Fut-il jamais douceur de coeur pareille
    À voir Manon dans mes bras sommeiller ?
    Son front coquet parfume l'oreiller ;
    Dans son beau sein j'entends son coeur qui veille.
    Un songe passe, et s'en vient l'égayer.

    Ainsi s'endort une fleur d'églantier,
    Dans son calice enfermant une abeille.
    Moi, je la berce ; un plus charmant métier
    Fut-il jamais ?...

  • Dans dix ans d'ici seulement,
    Vous serez un peu moins cruelle.
    C'est long, à parler franchement.
    L'amour viendra probablement
    Donner à l'horloge un coup d'aile.

    Votre beauté nous ensorcelle,
    Prenez-y garde cependant :
    On apprend plus d'une nouvelle
    En dix ans.

    Quand ce temps viendra, d'un amant
    Je serai le parfait modèle,...