• Quand, de la jeune amante, en son linceul couchée,
    Accompagnant le corps, deux Amis d’autrefois,
    Qui ne nous voyons plus qu’à de mornes convois,
    À cet âge où déjà toute larme est séchée ;

    Quand, l’office entendu, tous deux silencieux,
    Suivant du corbillard la lenteur qui nous traîne,
    Nous pûmes, dans le fiacre où six tenaient à peine,
    L’un devant l’...

  • J’ai lu Pythagore, et souvent
    Je me confie
    À sa philosophie.
    Après la mort, son, flamme ou vent,
    Chose légère comme avant,
    J’aimerai ce que j’aime en vie :
    Fuyons un corps que nul ne bénira,
    Vers mon pays mon âme s’en ira.

    Si, rêveuse après mon trépas,
    Vous, pleurez, Laure,
    Et visitez encore
    Ces champs où croissaient sous nos...

  •         Sur le haut de la tour antique
            S’élève l’ombre du guerrier,
            Et sa voix sombre et prophétique
        Salue ainsi le frêle nautonier.

        « Voyez, dit-il, dans ma vive jeunesse,
    Ce bras était puissant, ce cœur fut indompté ;
        Et tour à tour j’ai savouré l’ivresse
    Des festins, de la gloire, et de la volupté.

    « La guerre a...

  • Comme les anges à l'oeil fauve,
    Je reviendrai dans ton alcôve
    Et vers toi glisserai sans bruit
    Avec les ombres de la nuit,

    Et je te donnerai, ma brune,
    Des baisers froids comme la lune
    Et des caresses de serpent
    Autour d'une fosse rampant.

    Quand viendra le matin livide,
    Tu trouveras ma place vide,
    Où jusqu'au soir il fera froid....

  • Ainsi, mon cher, tu t'en reviens
    Du pays dont je me souviens
    Comme d'un rêve,
    De ces beaux lieux où l'oranger
    Naquit pour nous dédommager
    Du péché d'Ève.

    Tu l'as vu, ce ciel enchanté
    Qui montre avec tant de clarté
    Le grand mystère ;
    Si pur, qu'un soupir monte à Dieu
    Plus librement qu'en aucun lieu
    Qui soit sur terre.
    ...