• À la beauté du Ciel votre beauté j'égale :
    Le Ciel en sa rondeur toute forme contient,
    Et par son mouvement crée, émeut et maintient ;
    De semblables effets vous êtes libérale.

    Car votre belle vue admirable et fatale
    Crée en nous les amours, les garde et Ies soutient,
    Et tant de beaux pensers dont l'esprit s'entretient,
    Ont leur mouvement d'elIe et...

  • Tantôt pour vous trouver entrant en votre salle
    J'ai vu entre plusieurs votre image et tableau
    Qui montre au naturel votre visage beau,
    Qui eût bien fait quitter au Thébain son Omphale.

    Si tôt que je l'ai vu je suis devenu pâle,
    Le corps m'a frissonné et dessous le chapeau
    Le poil me hérissait, tandis que sous ma peau
    Un petit feu partout descend...

  • Quand je suis tout baissé sur votre belle face,
    Je vois dedans vos yeux je ne sais quoi de blanc,
    Je ne sais quoi de noir, qui m'émeut tout le sang,
    Et qui jusques au coeur de veine en veine passe.

    Je vois dedans Amour, qui va changeant de place,
    Ores bas, ores haut, toujours me regardant,
    Et son arc contre moi coup sur coup débandant.
    Las ! si je faux...

  • Marie, qui voudrait votre beau nom tourner,
    Il trouverait Aimer : aimez-moi donc, Marie,
    Faites cela vers moi dont votre nom vous prie,
    Votre amour ne se peut en meilleur lieu donner.

    S'il vous plaît pour jamais un plaisir demener,
    Aimez-moi, nous prendrons les plaisirs de la vie,
    Pendus l'un l'autre au col, et jamais nulle envie
    D'aimer en autre lieu...

  • À Mademoiselle Madeleine Mareschal

    Ce masque, qui celait tantôt votre beauté,
    Semble à l'obscurité de la nuit effroyable :
    Elle cache au soleil sa clarté désirable,
    Lui cache de vos yeux la divine clarté.

    Ô masque, fallait-il que ton obscurité
    Recelât de ses yeux la puissance admirable !
    Je pensai voir reluire une aurore agréable
    Aussitôt que...

  • Muses, adieu, et votre chant jazard !
    Adieu Phoebus, et ma fière déesse !
    Livres, adieu, adieu la tourbe espesse
    De mes amys, adieu tout jeu mignard !

    Adieu guiterre, adieu luth babillard,
    Toute harmonie et tout son de liesse,
    Gemmes, parfums, et toute gentillesse,
    Tout lieu hanté, tout ombrage à l'écart !

    Ainsy la mort, par une blanche voye...

  • Quand je veux mesurer votre auguste hautesse
    A l'état abaissé de mon coeur langoureux,
    Je me plains de l'amour, ce tyran rigoureux,
    Qui par si haut objet abusa ma jeunesse,

    D'autant que le penser qui m'élève sans cesse
    Presque ne peut atteindre à cet astre amoureux,
    Tant que hors d'espérance, il me faut, malheureux,
    Redoutant le destin maudir' la...

  • Non pour ce qu'un grand roi ait été votre père,
    Non pour votre degré et royale hauteur,
    Chacun de votre nom veut être le chanteur,
    Ni pour ce qu'un grand roi soit ores votre frère.

    La nature, qui est de tous commune mère,
    Vous fit naître, Madame, avecques ce grand heur,
    Et ce qui accompagne une telle grandeur,
    Ce sont souvent des dons de fortune...

  • De votre Dianet (de votre nom j'appelle
    Votre maison d'Anet) la belle architecture,
    Les marbres animés, la vivante peinture,
    Qui la font estimer des maisons la plus belle :

    Les beaux lambris dorés, la luisante chapelle,
    Les superbes donjons, la riche couverture,
    Le jardin tapissé d'éternelle verdure,
    Et la vive fontaine à la source immortelle :
    ...