•  
    D’un amour infini vous brûlez pour l’Église,
    Par le flot du progrès vous êtes emporté ;
    En deux sublimes parts votre âme se divise :
    L’une appartient au Christ, l’autre à l’humanité.

    Emparons-nous du sol ! ― voilà votre devise,
    Et, le front rayonnant d’une mâle fierté,
    Vous poursuivez toujours quelque vaste entreprise
    Pour donner du travail au...

  •  
    Barde, à ton large front rayonne la fierté
    Des têtes que le feu de l’idéal entoure,
    Et l’on sent tressaillir sur ton luth enchanté
    Le souffle d’Ossian et le rythme de Moore.

    Pour célébrer les champs, les bois, les vieux castels,
    Pour louer les héros dont on baise la trace,
    Pour chanter les combats et les deuils immortels,
    Tu vibres du frisson...

  •  

    Au fond du bois. Je rêve, assis, distrait, au bord
    D’un ruisselet, humant le capiteux arôme
    Qu’un souffle tropical promène sous le dôme
    Des vieux arbres pensifs et mornes du grand Nord.

    À travers les rameaux le soleil fane et mord
    Les mousses et les fleurs dont l’air dormant s’embaume.
    Sur l’immensité plane un silence de mort.
    Le tronc du...

  •  
    À J.-M. Fleury.

    I

    Te Deum laudamus ! Avril
    A chassé les froids, le grésil,
    Les avalanches.
    Notre printemps est de retour,
    Et partout un frisson d’amour
    Court sous les branches.

    La vie a germé de la mort.
    Adieu les bourrasques du nord !
    La brise est...

  •  

    Le sort vous a poussé hors du vallon natal,
    Et le vent de l’exil souffle dans votre voile ;
    Mais toujours devant vous, noble ami, luit l’étoile
    Qui montre le chemin aux chercheurs d’idéal.

    Vous êtes loin, bien loin ; mais toujours dans votre âme
    Survit le souvenir du pays des aïeux,
    Où la France a tracé son sillon radieux,
    Où la foi dans les...

  •  

    La nuit pâle s’enfuit ; l’étoile d’or s’éteint.
    Dans les joncs somnolents s’éveillent des bruits vagues.
    La mer blanchissante a des frou-frous de satin
    Sur les galets polis et clairs comme des bagues.

    Dans l’anse tout s’anime, hommes, bateaux et dragues.
    Sur la dune, grisé de l’arôme du thym,
    Le bouvreuil se querelle avec l’écho mutin.
    La...

  •  
    La nuit d’hiver étend son aile diaphane
    Sur l’immobilité morne de la savane
    Qui regarde monter, dans le recueillement,
    La lune, à l’horizon, comme un saint-sacrement.
    L’azur du ciel est vif, et chaque étoile blonde
    Brille à travers les fûts de la forêt profonde.
    La rafale se tait, et les sapins glacés,
    Comme des spectres blancs, penchent leurs...

  •  
    Comme le vent du nord emporte les oiseaux
    Par delà les grands monts, les forêts et les eaux,
    Bien souvent, dans le siècle en délire où nous sommes,
    Un souffle irrésistible entraîne au loin les hommes,
    Jetant sur tous les bords leurs groupes dispersés.

    Ce souffle impétueux, frères, vous a poussés
    Hors des champs arrosés par le sang de vos pères ;...

  •  

    Un jour du mois de mars sur le flanc des Rocheuses.

    Le soleil éclatant fond les couches neigeuses
    Enveloppant les monts couronnés par l’éther.
    Pas un souffle de vent ne tressaille dans l’air.
    Pas un nuage au ciel ne fait tache. Un silence
    Inexprimable dort sur l’étendue immense.
    On dirait que la paix des temps originels
    A toujours habité les...

  •  
    Aux rayons rutilants d’Avril la neige fond,
    Chaque route s’effondre et tout sentier s’efface,
    Les vastes flots grondants du Fleuve écumeux font
    Voler en lourds éclats ses entraves de glace.

    Pas un nuage au ciel ! pas un souffle dans l’air !
    Les baisers du soleil argentent les ramures,
    Et des pins, dont les vents tordaient la cime hier,
    Vers l’...