Ce petit homme grisonnant
S’en venait encore à l’automne,
Le regard vif, l’air avenant,
En poussant son cri monotone.

Mais qu’il est changé maintenant !
Le regard est noir, l’air atone ;
Et, sur les syllabes traînant,
Sa voix chevrotante détonne.

...

 
C’était un soir de juin paisible. Du midi
Le vent soufflait chargé d’un parfum attiédi,
Et les deux vieilles tours massives & carrées,
D’un rayon de soleil couchant étaient dorées.
Le ciel d’un bleu d’opale avait des tons charmants ;
Les arbres & les...

 
Morte ! oh ! serait-il vrai ? morte, pleine de vie !
À son calme avenir quel mal l’a donc ravie ?
Qui donc l’a pu frapper avant qu’elle eût vingt ans ?
Dans la fraîche candeur de ses premiers printemps,
Quand elle n’était pas au tiers de sa journée,
Quel...

Non, non, je ne suis pas de ces femmes qui meurent
Et rendent ce dernier service à leurs bourreaux,
Pour qu’ils vivent en paix & sans soucis demeurent.

Vois-tu, ces dévoûments sont niais s’ils sont très-beaux.
Les hommes, je le sais, se complaisent trop vite,
...

Qu’écrire ? Vierge encor la page est sous mes doigts,
Prête à tout elle attend mon caprice. — Autrefois
La chantante élégie en mon cœur murmurée,
Source qui débordait de la vasque nacrée,
S’épanchait d’elle-même en vers doux & naïfs.
Les doutes, les soupçons,...

Comme le vent d’automne emporte,
Pour les ranimer un instant,
Fleur desséchée & feuille morte,
En son tourbillon inconstant,

Dans ces lettres, tristes trophées,
Pauvre tas de papier jauni,
Vibre aussi par molles bouffées
Le grand souffle de l’infini...

Enfin, voici la pluie & les brumes d’automne !
Le temps est presque froid. Le soleil radieux
Depuis hier au soir nous a fait ses adieux ;
Le ciel, d’un bout à l’autre, est d’un gris monotone.

Sous les arbres feuillus l’ombre se pelotonne,
Bleue & tranquille...

Pour la première fois, quittant votre air morose,
Vous m’avez, hier soir, donné le bras. Tandis
Que j’allais près de vous ainsi, comme jadis,
J’ai senti contre moi palpiter quelque chose.

Mon visage soudain est devenu tout rose ;
Vous m’avez demandé ce que j’avais...

Les rideaux sont baissés & la porte est fermée :
Un seul rayon perdu glisse furtivement,
Et vient illuminer l’atmosphère embaumée.

Là, dans son grand fauteuil la mère simplement,
Tenant sur ses genoux la Bible de famille,
Explique à ses enfants le Nouveau...

Il faisait un jour blanc & tout chargé d’orage,
Les oiseaux accablés se taisaient sous l’ombrage,
Les herbes se tordaient au baiser du soleil ;
Dans les champs moissonnés les pailles inégales
...