Non, non, je ne suis pas de ces femmes qui meurent
Et rendent ce dernier service à leurs bourreaux,
Pour qu’ils vivent en paix & sans soucis demeurent.
Vois-tu, ces dévoûments sont niais s’ils sont très-beaux.
Les hommes, je le sais, se complaisent trop vite,
Le pied sur ces cercueils, à poser en héros,
Et j’ai dégoût d’ouïr la manière hypocrite
Dont ils disent toujours de ces doux êtres morts :
« Un ange prie au ciel pour moi. Pauvre petite ! »
Tu m’as trop bien appris que l’empire est aux forts.
Mourir, c’est oublier. J’aime mieux ma misère.
Tu ne me verras pas succomber sans efforts.
Aux affres du tombeau, moi, que l’angoisse enserre,
Je ne réponds encor que par un refus ;
Car je veux qu’à défaut d’un repentir sincère,
Tu te dises un jour : « Quel aveugle je fus ! »