• Soldats morts à la guerre,
    Qui remplissez le sol mortuaire, là-bas,
    Avec le spectacle encor rouge des combats
    Dans vos yeux, sous la terre,
    Voici venir pieusement vers vous les pas,
    ...

  • Comme un troupeau de bœufs aveugles,
    Avec effarement, là-bas, au fond des soirs,
    L’ouragan beugle.

    Et tout à coup, par au-dessus des pignons noirs,
    Que dresse, autour de lui, l’église, au crépuscule,
    Rayé d’éclairs, le clocher brûle.

    Le vieux sonneur, la tête folle,
    La bouche ouverte et sans parole,
    Accourt ;
    Et le...

  • Quand se penchaient sur votre être fébrile
    Et la folle détresse et l’angoisse stérile,
    Dites, avez- vous regardé en retenant vos pleurs
    Au fond de leurs yeux nus, votre propre douleur ?

    Espoirs montés si haut qu'ils tombèrent des nues,
    Haines, affres, erreurs jonchaient les avenues
    Où saignaient, lentement, vos amours mis en croix ;
    Mais tout au fond...

  • L’ombre s’affermissait sur les plaines captives,
    Et, de ses murs, barrait les horizons d’hiver,
    Comme en un tombeau noir, de vieux astres de fer
    Brûlaient, trouant le ciel de leurs flammes votives.

    On se sentait serré dans un monde d’airain,
    Où quelque part, au-loin, se dresseraient des pierres
    Effrayantes et qui seraient les idoles guerrières
    D’un...

  • Au fond d’un hall sonore et radiant,
    Sous les ailes énormes
    Et les duvets des brumes uniformes,
    Parfois, le soir, on déballe les Orients.

    Les tréteaux clairs luisent comme des armes ;
    De gros soleils en strass s’allument en des coins ;
    Des cymbaliers hagards entrechoquent leurs poings
    Casseurs de cris et de vacarmes.
    Le rideau...

  • LA STATUETTE

    C’était un jeu de quilles

    Dont la quille du milieu,
    Peinte en rouge, peinte en bleu,
    Était une statuette faite

    Au temps des Dieux.

     

    ...
  • SUR LES MÔLES DU PORT

    Le soir quand je m’en vais par la côte marine
    Vers l’océan et sa rumeur,
    Je serre mes deux mains sur ma creuse poitrine
    Pour mieux...

  • SUR LES QUAIS

    Te souvient-il, te souvient-il
    De ces longs soirs d’avril
    Qui, tantôt clairs et tantôt sombres,
    Faisaient mouvoir de vastes ombres,
    De plaine en plaine, sur la mer ?
    Comme du fond d’un pourpre et lumineux désert
    Sortaient de l’horizon marin les beaux navires
    Dont on n’apercevait d’...

  •  

    Une vie âpre et sourdement myriadaire

    S’y concentre en assauts et s’y disperse en bonds ;
    Mille insectes furtifs, grouillants et solitaires,
    Sous la mousse dorée v taraudent les troncs.

    Carabes bleus, charançons roux, mouches velues,
    Et les prestes fourmis et les lents limaçons,
    Ailes, pattes, corselets,...

  • L’âme du Téméraire était une forêt
    Pleine d’arbres géants et de fourrés secrets
    Où se croisaient de grands chemins tracés sans règles ;
    Mais par dessus volaient, jusqu’au soleil, les aigles.

    L’impatience éperonnait sa volonté ;
    Il fermentait d’orgueil et d’intrépidité.
    Le monde, il l’eût voulu tailler, à coups de glaive,
    D’après l’image en or que lui...