• Ah ! vraiment c'est triste, ah ! vraiment ça finit trop mal,
    Il n'est pas permis d'être à ce point infortuné.
    Ah ! vraiment c'est trop la mort du naïf animal
    Qui voit tout son sang couler sous son regard fané.

    Londres fume et crie. O quelle ville de la Bible !
    Le gaz flambe et nage et les enseignes sont vermeilles.
    Et les maisons dans leur ratatinement...

  • Quand je reposerai dans la fosse, tranquille,
    Ayant autour de moi l'ombre éternellement ;
    Quand mes membres auront perdu le mouvement.
    Et mes orbites creux le regard qui scintille ;

    Cet être qui fut moi, ce pauvre rien fragile,
    Oublié dormira - pour jamais ossement -
    Et, loin du ciel voilé, silencieusement,
    Rien ne remuera plus sous la couche d'...

  • Me vient sourire en votre doux sourire,
    Me vient chagrin en vos minces chagrins,
    Me vient désir en vos désirs sans freins,
    Me vient lyrisme alors qu'êtes ma lyre.

    Me vient délire en vos nuits de délire,
    Me vient douceur en vos moments sereins,
    Me vient musique en vos chants souverains,
    Me vient fureur à l'heure de votre ire.

    Me vient...

  • L'un s'est veu pris, non plusieurs fois, mais une,
    En plain conflit, faisant aspres effortz ;
    L'autre deux foizs n'a eu courage, fors
    Fuyr de nuyct, sans craindre honte aucune.

    L'un fut en camp, exemple de fortune ;
    L'autre ung patron de vrays actes tres ords.
    L'un par sa prise a perdu des tresors ;
    L'autre l'honneur, trop plus cher que pecune....

  • Ni la fleur qui naquit du beau nom de Junon,
    L'honneur à ce jour d'hui de l'écusson de France
    Ni le fleuron pourpré qui tira sa naissance
    De celui que Cyprine élut pour mignon,

    Ni celle qui d'Ajax fait vivre le renom,
    Ni l'autre qui s'éclôt quand le printemps commence,
    Née du beau jeune homme épris de sa présence
    Dont encore aujourd'hui elle...

  • Phylis, je ne suis plus des rimeurs de ce siècle
    Qui font pour un sonnet dix jours de cul de plomb
    Et qui sont obligés d'en venir aux noms propres
    Quand il leur faut rimer ou sur coiffe ou sur poil.

    Je n'affecte jamais rime riche ni pauvre
    De peur d'être contraint de suer comme un porc,
    Et hais plus que la mort ceux dont l'âme est si faible
    Que d'...

  • Plaisirs d'un noble ami qui sait chérir ma veine,
    Mélanges gracieux de prés et de guérets,
    Rustique amphithéâtre où de sombres forêts
    S'élèvent chef sur chef pour voir couler la Seine.

    Délices de la vue, aimable et riche plaine !
    On s'en va mettre à bas les trésors de Cérès,
    Que l'on voit ondoyer comme un vaste marets
    Quand il est agité d'une...

  • Que de ton beau jardin les merveilles j'admire !
    Que tout ce qu'on y voit, que tout ce qu'on y sent
    A d'aimables rapports avec le doux accent
    De ce divin oiseau qui chante et qui soupire !

    Qu'après ces rares sons dont triomphe ta lyre,
    Mon oreille se plait au tonnerre innocent
    Que l'on oit dans ta voûte où ravi l'on descend
    Pour monter en un lieu que...

  • Je regrette en pleurant les jours mal employez
    A suivre une beauté passagere et muable,
    Sans m'eslever au ciel et laisser memorable
    Maint haut et digne exemple aux esprits devoyez.

    Toi qui dans ton pur sang nos mesfaits as noyez,
    Juge doux, benin pere et sauveur pitoyable,
    Las ! releve, ô Seigneur ! un pecheur miserable,
    Par qui ces vrais soupirs...

  • Las ! cettui jour, pourquoi l'ai-je dû voir,
    Puisque ses yeux allaient ardre mon âme ?
    Doncques, Amour, faut-il que par ta flamme
    Soit transmué notre heur en désespoir !

    Si on savait d'aventure prévoir
    Ce que vient lors, plaints, poinctures et blâmes ;
    Si fraîche fleur évanouir son bâme
    Et que tel jour fait éclore tel soir ;

    Si on savait la...