• Quand l'avenir pour moi n'a pas une espérance,
    Quand pour moi le passé n'a pas un souvenir,
    Où puisse, dans son vol qu'elle a peine à finir,
    Un instant se poser mon âme en défaillance ;

    Quand un jour pur jamais n'a lui sur mon enfance,
    Et qu'à vingt ans ont fui, pour ne plus revenir,
    L'Amour aux ailes d'or, que je croyais tenir,
    Et la Gloire...

  • Des croquis de concert et de bals de barrière ;
    La reine Marguerite, un camaïeu pourpré ;
    Des naïades d'égout au sourire éploré,
    Noyant leur long ennui dans des pintes de bière ;

    Des cabarets brodés de pampre et de lierre ;
    Le poète Villon, dans un cachot, prostré ;
    Ma tant douce tourmente, un hareng mordoré,
    L'amour d'un paysan et d'une...

  • Vous que second la noble France honore,
    Pouvez cueillir par ces prez florissans
    Oeilletz pour vous seul s'espanouyssans,
    Escloz ensemble avec la belle Aurore ;

    Pour vostre front le rosier se colore,
    Dont les chappeaux si hault lieu cognoissans,
    Forment boutons de honte rougissans,
    Sçachant que mieulx vous appartient encore.

    Ceincte de...

  • intitulé "Advertissement sur les jugemens d'Astrologie,
    A une studieuse Damoiselle"


    Ne craignez point, plume bien fortunee
    Qui vers le ciel vous allez eslevant,
    Faire ruyne, Icarus ensuivant,
    Qui trop haulsa l'oesle mal empennee.

    Du beau soleil où estes destinee
    Vous n'irez point la chaleur esprouvant,
    Mais deviendrez, soubs ses...

  • à Esclairon


    Je suis jaloux, je le veulx confesser,
    Non d'aultre amour qui mon coeur mette en crainte,
    Mais des amys de la parolle saincte,
    Pour qui j'ai veu madame me laisser.

    Je commençois à propos luy dresser
    Du jeune archier dont mon ame est attainte,
    Quand, s'esloignant de moy et de ma plainte,
    A un prescheur elle alla s'...

  • le Duc d'Orleans


    Rien ne se faict des grans en ces bas lieux
    Que du hault Ciel le cours n'ayt ordonné,
    Et s'on vous veoit, Monsieur, tant adonné
    Au vray tuscan, c'est ouvraige des dieux.

    A qui pourroit ce langaige seoir mieulx
    Qu'à vous, qui seul au monde avez donné
    Certain espoir de vous veoir couronné
    Roy d'Italie hault et...

  • qui fut apres l'eclipse du soleil qui fut en Jenvyer


    Un grand devin tost apres la naissance
    Du nouveau duc à l'oracle s'enquit
    Pour quoy le jour qu'entre nous il nasquit
    De neige il cheult en tous lieux abundance.

    Pour vous donner - dict le dieu - cognoissance
    Qu'onques nul jour estre tant ne requit
    Marqué de blanc pour debvoir et...

  • en un faict d'armes 1550 à Blois


    Ceulx qui au ciel furent pieça receuz
    Par vertu vive et gestes heroicques,
    Voyant renaistre au monde euvres antiques
    Et voeuz divins en coeurs mortelz conceuz,

    Ont pensé n'estre amoindris ny deceuz
    Si, honnorant les spectacles publiques
    Du Regnateur des fortz peuples celtiques,
    En terre estoint de...

  • Nyer ne puis, Roy François, nullement,
    Que je ne sente encores quelque flamme
    D'amour au cueur qui peu à peu l'entame
    Pour le submectre à elle entierement.

    Mays estant plain d'un desir seullement,
    C'est de vous suyvre et du corps et de l'ame,
    Je luy resiste et faiz en sorte que ame
    N'a sur mon cueur entier commandement.

    Ce neantmoins les...

  • Sur la constance de son amitié

    Amarillis toute pleine de grâce
    Allait ces bords de ces fleurs dépouillant,
    Mais sous la main qui les allait cueillant,
    D'autres soudain renaissaient en leur place.

    Ces beaux cheveux où l'Amour s'entrelasse,
    Amour allait d'un doux air éveillant,
    Et s'il en voit quelqu'un s'éparpillant,
    Tout curieux soudain...