Mystérieux moment où l'on commence à vivre...
La matière s'anime à ton souffle, mon Dieu.
L'âme qu'elle a reçue est un rayon de feu
Qui remonte vers toi, prisonnier qu'on délivre.
Et la vie est partout. Comme on lit dans un livre,
Dans le monde insondable on voudrait lire un peu,
Pour voir si le travail alterne avec le jeu,
Et si les coeurs parfois...
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Depuis que mes cheveux sont blancs, que je suis vieux,
Une fois j'ai revu notre maison rustique,
Et le peuplier long comme un clocher gothique,
Et le petit jardin tout entouré de pieux.
Une part de mon âme est restée en ces lieux
Où ma calme jeunesse a chanté son cantique.
J'ai remué la cendre au fond de l'âtre antique,
Et des souvenirs morts ont jailli... -
Israël, effrayé de ses péchés nombreux,
De nouveau gémissait auprès des tabernacles.
Il vint à Débora qui rendait ses oracles
Au sommet d'Ephraïm, sous un palmier ombreux.
La prophétesse dit : - Arme dix mille Hébreux.
Barac verra tomber devant lui les obstacles.
L'impie est condamné. Par de nouveaux miracles,
Notre Dieu rendra vains ses complots... -
C'est le désert lugubre après l'âpre savane,
Le ciel de feu, le sable épais, l'air étouffant.
D'une terreur étrange à peine on se défend.
Seul, en ces lieux maudits, l'Arabe se pavane.
Là des sources sans eaux, un palmier qui se fane ;
Là des crânes ouverts par un cheik triomphant.
Mais voici que le ciel à l'horizon se fend,
Et des frissons d'... -
Par des chemins de fleurs, au temple qu'on voit là,
Des prêtresses s'en vont. Leurs bandes triomphales
Dansent cyniquement au rythme des crotales.
Jamais tissu discret alors ne les voila.
Vénus veut des honneurs. C'est sa fête, et voilà
Que la ville s'éveille. Et les chastes Vestales
S'enfoncent tour à tour dans l'ombre de leurs stalles,
Et le... -
On admire toujours, sous le beau ciel romain,
Ses vieux gradins massifs et ses hautes arcades,
Flots de pierres pareils aux immenses cascades
Que l'hiver boréal suspend sur son chemin.
Les Césars orgueilleux, d'un signe de la main,
Faisaient défiler là de fières cavalcades ;
Ils faisaient s'élancer, de leurs mille embuscades,
Les fauves qu'appelait... -
Dois-tu n'avoir, un jour, qu'un vol de fainéant,
Comme un oiseau lassé d'une course inutile ?
Iras-tu, quand il faut pour te rendre fertile
Des ans par millions, en un jour au néant ?
Sais-tu la profondeur de l'espace béant ?
Le temps qui nous détruit, est-ce qu'il te mutile ?
Et la vie et la mort, sur ton champ qui scintille,
Verront-elles la fin... -
Dans le champ de Booz, un béni du Seigneur,
Glane, depuis l'aurore, une humble Moabite.
C'est avec Noémi la veuve qu'elle habite,
Veuve aussi... Toutes deux sont des femmes d'honneur
Elles ont vu, là-bas, s'écrouler leur bonheur.
Après le travail long la ruine subite ...
Le soir, belle en son deuil, Ruth s'approche et débite
L'histoire de ses maux au... -
L'invincible Samson, le fils de Manué,
Qui s'enfuyait avec les portes d'une ville,
Qui tuait, luttant seul, les Philistins par mille,
Et narguait leur pouvoir enfin diminué,
Depuis longtemps incline un corps exténué
Sous les rires moqueurs, dans un labeur servile ;
Et le ressentiment de la nation vile
Ne s'est pas, il lui semble, encore atténué.... -
Mondes qui, chaque soir, à mes regards ravis
Publiez la grandeur du Créateur suprême,
Passez-vous les premiers dans un lointain extrême,
Ou d'autres sont-ils morts, que vous avez suivis ?
A d'implacables lois êtes-vous asservis ?
La route parcourue est-elle encor la même ?
Et, comme les fleurons autour d'un diadème,
Rayonnez-vous autour des célestes...