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          La fille du gai Thespis
               Est tout endormie
          Et penche son front de lys
               Sur sa main blêmie.
          Ses Bacchantes aux doux yeux
          Ne versent plus le vin vieux ;
          Assez de pleurs ! j’aime mieux
               L’amour de ma mie.

          On dit que nous triomphons !
               O gaîté facile,...

  •  
    La Beauté, fatal aimant,
    Est pareille au diamant
    Que la fange peut mouiller
    Sans le souiller.

    Jusqu’au milieu du ruisseau,
    L’éclat pur de son berceau
    Garde un charme essentiel
    ...

  • George Sand ! ô beauté, cœur, âme, esprit, génie,
    Rien n'a troublé jamais ton effort valeureux,
    Et ta pensée, en pleurs comme une Iphigénie,
    Combattait pour le pauvre et pour le malheureux.

    Car tu les as chéris comme une douce mère.
    Femme, tu partageas leur deuil et leur émoi ;
    Et, le cœur déchiré par son angoisse amère,
    Pitié, labeur, amour, tout...

  • Enfant dont la lèvre rit
    Et, gracieuse, fleurit
    Comme une corolle éclose,
    Et qui sur ta joue en fleurs
    Portes encor les couleurs
    Du soleil et de la rose !

    Pendant ces jours filés d'or
    Où tu ressembles encor
    À toutes les choses belles,
    Le vieux poète bénit
    Ton enfance, et le doux nid
    Où ton âme ouvre ses ailes.

    Hélas !...

  •  
          Comme l’autre Ophélie,
          Dont la douce folie
          S’endort en murmurant
               Dans le torrent,

          Pâle, déchevelée
          Et dans l’onde étoilée
          Éparpillant encor
               Ses tresses d’or,

          Et comme Juliette,
          Qui craignait l’alouette
          Éveillée au matin
               Parmi le thym...

  •  
          Lecteur, prompt à nous consoler,
          Toi qui sais encore voler,
          Comme l’abeille, au miel attique,
          Ton enthousiaste rumeur
          Encourage le doux rimeur,
          O voix émue et sympathique !

          O mon ami, c’est déjà vieux !
          Depuis dix ans, les envieux,
          Acharnés sur la même lime,
          Ensanglantent...

  •  
    O champs pleins de silence,
    Où mon heureuse enfance
    Avait des jours encor
      Tout filés d'or !

     O ma vieille Font-Georges,
    Vers qui les rouges-gorges
    Et le doux rossignol
      Prenaient leur vol !

    Maison blanche où la vigne
    Tordait en longue ligne
    Son feuillage qui boit
      Les pleurs du toit !

    O claire source froide...

  • Je n'ai pas renié la Lyre. Je puis boire
    Encor dans la fontaine à la profondeur noire,
    Où le Rhythme soupire avec les flots divins.
    Ô Déesse, j'étais un enfant quand tu vins
    Pour la première fois baiser ma chevelure.
    J'étais comme un avril en fleur. Nulle souillure
    Ne tachait la fierté de mon cœur ingénu.
    Plus de vingt ans se sont passés : mon front...

  •  
          Avec ses sanglots, l’instrument rebelle,
          Qui sent un pouvoir plus fort que le sien,
          Donne l’harmonie enivrante et belle
               Au musicien.

          Le cheval meurtri, qui saigne et qui pleure,
          Cède au cavalier, rare parmi nous,
          Dont aucun effort ne peut avant l’heure
               Lasser les genoux.

          De...

  • Ô ma mère et ma nourrice !
    Toi dont l'âme protectrice
    Me fit des jours composés
    Avec un bonheur si rare,
    Et qui ne me fus avare
    Ni de lait ni de baisers !

    Je t'adore, sois bénie.
    Tu berças dans l'harmonie
    Mon esprit aventureux,
    Et loin du railleur frivole
    Mon Ode aux astres s'envole :
    Sois fière, je suis heureux.

    J'ai...